Les pratiques des publicitaires aux Etats-Unis visées par une enquête du FBI - sources
28 Septembre 2018 - 10:42AM
Dow Jones News
NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Le parquet fédéral américain a ouvert
une enquête visant le secteur de la publicité sur ses pratiques
d'achat d'espaces publicitaires et a commencé à délivrer des
assignations à comparaître, selon des personnes proches du
dossier.
Cette enquête porte notamment sur des pratiques d'achat d'espaces
publicitaires jugées opaques et impliquant l'octroi de rabais aux
agences de publicité de la part de médias, selon ces sources.
Havas, l'agence de publicité du groupe de médias et de télécoms
Vivendi, fait parti des sociétés visées par l'enquête, ont précisé
les sources. Contactée par le Wall Street Journal, une porte-parole
d'Havas n'a pas souhaité commenter ces informations.
Ces derniers mois, le FBI a interrogé des personnes travaillant
dans le secteur de la publicité sur les pratiques d'achat d'espaces
publicitaires, à propos d'une étude sur le secteur datant de 2016
commandée par l'association américaine des annonceurs ANA, ont
expliqué des personnes proches du dossier.
L'ANA représente d'importants annonceurs, comme le premier
opérateur mobile américain Verizon Communications, le constructeur
automobile General Motors ou encore le fabricant de produits de
grande consommation Procter & Gamble.
L'étude, commandée par l'ANA et menée par le cabinet K2
Intelligence, a mis au jour le fait que les remises et autres
pratiques opaques étaient "généralisées" aux Etats-Unis.
L'enquête du FBI intervient alors que les relations entre
publicitaires et annonceurs se sont détériorées. Suite à l'étude de
2016, certains annonceurs ont d'ailleurs rapatrié les activités
d'achat d'espaces en interne et exigé plus de transparence dans
leurs contrats publicitaires.
Une enquête du FBI est une mauvaise nouvelle pour les agences de
publicité, estime Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research
Group. Pour lui, l'achat d'espaces représente "la majeure partie de
la croissance des bénéfices des publicitaires depuis le début des
années 2000".
Le rapport de l'ANA ne pointait pas du doigt des entreprises
spécifiques, mais illustrait la façon dont les publicitaires
utilisaient le pouvoir d'achat publicitaire de leurs clients pour
leur propre profit.
Suite à la publication de cette étude, les agences de publicité ont
dans l'ensemble nié tout abus, et reproché à l'ANA de jeter
l'opprobre sur l'ensemble du secteur au lieu de s'attaquer aux
seuls fautifs.
Le FBI a demandé à l'ANA de coopérer à l'enquête, mais le groupe
n'a tenu aucune discussion avec les autorités, ont précisé des
sources proches du dossier.
Les rabais et autres primes au volume publicitaire sont une
pratique commerciale courante dans certaines régions d'Europe ainsi
qu'en Chine et au Brésil, d'après des publicitaires et des sociétés
d'audit, mais traditionnellement ces pratiques n'avaient pas cours
dans les contrats de publicité aux Etats-Unis.
Le marché de la publicité est dominé par six groupes : le
britannique WPP, l'américain Omnicom Group, le français Publicis,
l'américain Interpublic Group, le japonais Dentsu, et Havas. Selon
les calculs de Brian Wieser, ces sociétés représentent à elles six
près d'un tiers des dépenses publicitaires mondiales, estimées à
580 milliards de dollars.
Des porte-paroles de Dentsu, Publicis, Interpublic et WPP n'ont pas
souhaité faire de commentaire. Une porte-parole d'Omnicom a déclaré
que le groupe n'avait pas reçu d'assignation de la part des
procureurs fédéraux.
Le Wall Street Journal avait déjà rapporté en 2016 que le
département américain de la Justice avait lancé une enquête sur
certaines pratiques du secteur selon lesquelles les agences
allouaient des contrats de production publicitaire à leurs propres
services, faussant de fait la concurrence pour de tels
contrats.
WPP, Omnicom, Publicis et Interpublic notamment avaient révélé que
certaines de leurs filiales avaient reçu des assignations de la
part du département de la Justice dans le cadre de son enquête sur
des pratiques anti-concurrentielles.
Les pratiques d'entente sur les prix et de trucage d'offres sont
interdites dans le cadre des lois fédérales sur la concurrence. Le
statut de l'enquête de département de la Justice n'est pas connu et
une porte-parole du ministère n'a pas souhaité s'exprimer à ce
sujet.
-Suzanne Vranica et Nicole Hong, The Wall Street Journal
(Version française Alice Doré) ed: VLV
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September 28, 2018 04:22 ET (08:22 GMT)
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