Le ralentissement du fret met du plomb dans l'aile du secteur aérien - Plus USA
15 Octobre 2019 - 12:37PM
Dow Jones News
Jon Sindreu,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Nonobstant les craintes d'un
ralentissement économique mondial, le transport aérien de passagers
reste une activité rentable. Pour les marchandises, c'est nettement
moins sûr.
La demande mondiale de fret aérien -- mesuré en tonnes-kilomètres
de marchandises -- a reculé de 3,9% en août sur un an, selon les
données publiées la semaine dernière par l'Association
internationale du transport aérien (Iata). Il s'agit du dixième
mois consécutif de baisse en glissement annuel pour les volumes
mondiaux de fret aérien, soit la plus longue période de repli
depuis la crise financière de 2008. Le ralentissement économique de
la Chine et son bras de fer commercial avec les Etats-Unis en sont
sans doute responsables.
Les dernières données sur l'activité du secteur manufacturier
n'ayant laissé que peu d'espoir d'amélioration, la faiblesse du
fret aérien est une difficulté avec laquelle les compagnies
aériennes et constructeurs aéronautiques, Boeing en particulier,
devront composer pendant encore un bon moment.
Comme pour le transport maritime, le recul de la demande n'a pas
pour autant mis un frein à l'expansion de la capacité de fret, qui
a augmenté de 1,9% sur la période de janvier à août. Cette
situation renvoie à un problème fondamental du secteur : les
compagnies exploitent davantage d'appareils pour répondre à la
demande des passagers, ce qui augmente automatiquement leur
capacité de fret et sape leur pouvoir de fixation des prix. A
travers le monde, les rendements du fret général ont diminué de
7,1% sur la même période, selon le fournisseur de données
spécialisées WorldACD.
Numéro un européen du fret aérien, Lufthansa a indiqué vendredi que
le chiffre d'affaires de sa division cargo avait reculé de 3,6% en
septembre sur un an. Jeudi, l'américain Delta Air Lines avait
annoncé de son côté une chute de 17% de son chiffre d'affaires dans
le fret au troisième trimestre.
Jusqu'à présent, les transporteurs américains ont même été plus
affectés que leurs homologues asiatiques, en dépit des récents
blocages de l'aéroport international de Hong Kong. Sur le trimestre
terminé en août, les recettes en dollars des compagnies aériennes
nord-américaines sur les flux de fret aérien entre la Chine et les
Etats-Unis ont reculé de 26% par rapport à la période
correspondante de 2018, contre une baisse de 17% pour les
compagnies chinoises, selon les données de WorldACD.
L'impact est particulièrement visible sur la compagnie cargo
américaine Atlas Air. L'action a décroché en août et s'inscrit
maintenant en baisse de 60% par rapport à l'an dernier, contre un
repli d'environ 10% pour Cathay Pacific Airways, premier
transporteur cargo d'Asie.
A terme, la surcapacité actuelle de fret pourrait également frapper
les entreprises du secteur manufacturier spécialisées dans la
construction d'avions conçus pour le transport de marchandises.
Le Boeing 777, qui dépend depuis longtemps des acheteurs de fret,
constitue un exemple clé : l'appareil a représenté 33% des
commandes en 2018, et 65% depuis le début 2019. Le constructeur
américain a souligné qu'il comptait maintenant sur les livraisons
d'avions cargo pour combler ses écarts de production en 2020, le
calendrier de production de son nouveau modèle 777X étant retardé
par des problèmes avec les moteurs fournis par General
Electric.
Le marché des gros-porteurs commerciaux semble saturé de manière
générale. Le 777X se vend difficilement et la compagnie russe
Aeroflot a annulé la semaine dernière une commande de 22 appareils
787 Dreamliner.
Une future réduction des rythmes de production des gros porteurs
serait une mauvaise nouvelle aussi bien pour Boeing que pour son
concurrent européen Airbus. Les deux constructeurs ayant consacré
des sommes colossales à la conception de ces avions, ils n'en
tireront bénéfice qu'en en produisant beaucoup. Boeing, qui domine
le marché des gros porteurs et a déjà réduit la cadence de
production de son monocouloir 737 MAX, toujours immobilisé, serait
toutefois particulièrement pénalisé. La demande d'avions cargo de
la part d'entreprises comme FedEx et UPS maintient par ailleurs la
production de son vieillissant 767.
Si le fret n'est généralement pas décisif pour le secteur aérien,
il se révèle être, pour l'heure, une charge particulièrement
encombrante.
-Jon Sindreu, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
October 15, 2019 06:17 ET (10:17 GMT)
Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA
Airbus (EU:AIR)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2024 à Mai 2024
Airbus (EU:AIR)
Graphique Historique de l'Action
De Mai 2023 à Mai 2024