L'action d'Edenred (EDEN.FR) a pratiquement doublé depuis sa scission de l'hôtelier Accor (AC.FR) qui a permis son introduction en Bourse en juillet 2010. Paradoxalement, la dimension spéculative du spécialiste des titres prépayés est plus que jamais d'actualité.



La raison? Pour son premier actionnaire, le concert formé par Colony Capital et Eurazeo (RF.FR), qui détient 21,6% du capital, la tentation de vendre doit être forte. Les sociétés d'investissement sont présentes au capital du groupe depuis sept ans déjà. Eurazeo, qui détient environ 10,3% de la société de services, réaliserait plus particulièrement une importante plus-value en cédant ses titres. L'investisseur professionnel a en moyenne payé sa participation 9 euros par action, selon les calculs de Société Générale, alors qu'Edenred s'échange aujourd'hui plus de 22,50 euros.



En outre, Eurazeo gagnerait à reconstituer sa marge de manoeuvre financière. Après avoir multiplié les acquisitions, le groupe ne disposait plus que de 102 millions d'euros de trésorerie brute à la fin août. Il peut aussi tirer sur une ligne de crédit de 1 milliard d'euros, mais cela grèverait son bilan. Certes, une cession de ses titres Edenred équivaudrait à se séparer de l'un de ses plus beaux actifs, parmi les plus exposés aux pays émergents. Mais l'opération serait autrement plus facile à réaliser à bon prix que celle d'autres actifs cessibles très centrés sur l'Europe, comme l'entreprise de location de véhicules Europcar.



Surtout, Eurazeo et Colony pourraient être en mesure de céder leur participation d'un bloc, ce qui leur permettrait de demander une prime sur les derniers cours. Edenred pourrait notamment intéresser un émetteur de cartes de crédit, comme Mastercard, qui a pris pied sur le segment des services prépayés en rachetant Travelex à la fin 2010. Edenred pourrait également attirer d'autres fonds, d'autant que le groupe est structurellement générateur de cash. En 2010, son flux de trésorerie disponible a représenté près de 30% du chiffre d'affaires.



Faute d'être parvenus à vendre leur participation d'un bloc, Eurazeo et Colony pourraient se rattraper en cédant leurs actions Edenred sur le marché. Ce qui risquerait de provoquer un afflux massif de titres susceptibles de déséquilibrer l'offre et la demande et de peser sur les cours. Bien sûr, l'opération pourrait être réalisée dans le cadre d'un placement accéléré auprès d'investisseurs institutionnels. Mais cela ne ferait que reporter le problème à plus tard.



En tout cas, le moment pourrait être bien choisi pour Colony et Eurazeo. Avec un ratio cours sur bénéfice supérieur à 24, Edenred profite de l'une des valorisations les plus élevées du SBF 120. En comparaison, le ratio cours sur bénéfices de l'indice est légèrement supérieur à 11. Or Edenred n'est pas à l'abri de décrochages boursiers, comme le montre son parcours depuis son entrée en Bourse, sensible aux aléas de la conjoncture.



L'activité du groupe est actuellement soutenue par son exposition à l'Amérique latine, où Edenred réalise plus de la moitié de son résultat opérationnel. Mais à court terme, le ralentissement de l'économie brésilienne a de quoi inquiéter. Qu'il se confirme et la fenêtre de tir d'Eurazeo et Colony pourrait vite se refermer.



- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@dowjones.com

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