A l'approche des élections, le marché doit anticiper certaines privatisations -DJ Plus
23 Mars 2017 - 2:20PM
Dow Jones News
Ambroise Ecorcheville
AGEFI-DOW JONES
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Mouvements en vue dans le portefeuille de
sociétés cotées de l'Etat français !
D'un côté comme de l'autre, les principaux candidats aux élections
présidentielles françaises entendent rebattre les cartes de l'Etat
actionnaire. La probabilité de cessions de participations dans des
sociétés cotées est élevée. Mais à l'inverse, des prises de
participations, voire des nationalisations, ne peuvent être
totalement exclues.
Dans une étude, Exane BNP Paribas a passé en revue les entreprises
dans lesquelles l'Etat est le plus susceptible de s'alléger.
Les partis dominants favorables à des privatisations
Car des cessions d'actifs semblent nettement plus probables que des
acquisitions. D'une part parce que l'Etat a besoin de lever des
fonds, que ce soit pour alléger sa lourde dette ou pour investir et
réformer. D'autre part parce que l'Etat actionnaire a rarement été
aussi critiqué, comme en attestent les récentes études de la Cour
des Comptes ou de l'Institut Montaigne.
Mais également, et c'est ce qui fait toute la différence, parce que
les principaux candidats aux présidentielles se sont prononcés en
faveur de cessions et/ou d'arbitrages.
François Fillon a fait part de son intention d'accélérer les
cessions de participations jugées non-stratégiques, tandis
qu'Emmanuel Macron s'est déclaré en faveur de la création d'un
fonds pour l'innovation notamment financé par des participations
d'Etat.
Pour sa part, Marine Le Pen pourrait combiner cessions et prises de
participations, sans forcément réduire la taille globale du
portefeuille de l'Etat.
A l'inverse, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon pourraient
renforcer l'Etat dans certaines entreprises. Mais, comme le
souligne Exane, ces deux derniers candidats sont moins bien placés
pour remporter les élections, du moins si l'on doit en croire les
derniers sondages et les experts politiques.
En outre, vouloir monter au capital d'entreprises cotées ne suffit
pas. Encore faut-il pouvoir financer ces opérations.
L'Etat ne manque pas de candidats
Pour Exane, qui a passé en revue les sociétés sous sa couverture
dans lesquelles l'Etat a une participation, les secteurs dont il
est globalement le plus susceptible de se désengager sont les
infrastructures, les télécoms, les transports, l'électronique et
l'énergie.
Plus en détail, la banque estime que l'Etat pourrait sensiblement
réduire ses parts dans Aéroports de Paris (ADP.FR), Orange (ORA.FR)
et Engie (ENGI.FR), et sortir du capital d'Eiffage (FGR.FR), comme
d'Air France-KLM (AF.FR) et TechnipFMC (FTI.FR).
Une sortie de Groupe PSA (UG.FR) et de STMicroelectronics (STM.FR)
lui paraissent possibles, mais pourraient être compliquées par la
présence du chinois Dongfeng au capital du constructeur automobile
et par celle de l'Etat italien à celui du fabricant de
semi-conducteurs.
Enfin, Exane juge très peu probables des cessions dans EDF
(EDF.FR), Eutelsat (ETL.FR) et CNP Assurances (CNP.FR). Plus
généralement, la banque juge très improbables des cessions dans le
secteur de l'aéronautique et de la défense.
Des opérations loin d'être neutres pour les marchés
Ces éventuelles cessions de participations ne seraient
naturellement pas sans incidence pour les investisseurs. Mal
gérées, ces opérations pourraient dans un premier temps peser sur
les cours de Bourse des sociétés concernées.
A moyen terme, elles pourraient au contraire permettre d'accroître
leur liquidité en Bourse et améliorer leur gouvernance. Sans
toutefois permettre d'écarter toute forme d'ingérence.
Par ailleurs, une sortie totale de certaines entreprises cotées
rendrait également certaines d'entre elles à nouveau "opéables".
Mais pourrait priver certaines d'entre elles du soutien d'un
actionnaire sensible aux conséquences politiques et sociales de
leur éventuelle disparition ou rachat.
Pour en savoir plus, il faudra patienter. Au moins jusqu'au verdict
des urnes, qui permettra de préciser quel projet politique a été
retenu par les électeurs.
Au-delà, les jeux devraient rester ouverts. S'il entend sortir du
capital d'une entreprise, l'Etat devrait s'abstenir de prévenir le
marché de ses intentions. Ne serait-ce que pour éviter de provoquer
une fuite par anticipation des autres actionnaires, qui pèserait
sur le cours de Bourse et réduirait le produit de sa cession.
- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90;
aecorcheville@agefi.fr ed: ECH
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March 23, 2017 09:00 ET (13:00 GMT)
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