Le dollar fort rend le luxe européen très attrayant pour les Américains - Plus Inter
15 Novembre 2022 - 12:38PM
Dow Jones News
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les touristes américains réalisent de
très bonnes affaires ces temps-ci dans les boutiques de luxe de
Paris et Milan. Selon les données concernant les remboursements de
TVA de la société de paiements Planet, les dépenses de luxe des
Américains dans les grandes villes européennes au troisième
trimestre ont dépassé de plus de 80% celles de la période
correspondante de 2019, avant la pandémie de Covid-19.
Il a toujours été un peu moins coûteux d'acheter des articles de
créateurs européens sur le marché où ils ont été fabriqués. Les
produits vendus aux Etats-Unis ou en Chine présentent un surcoût
destiné à couvrir des frais comme les droits d'importation et les
coûts de transport. Dernièrement, cette prime a néanmoins atteint
des niveaux extrêmes. Le même produit vendu aux Etats-Unis et en
Europe coûte maintenant 38% plus cher outre-Atlantique, selon les
données de Bank of America, contre un surcoût habituel de 20%.
La vigueur du dollar n'est pas seule en cause et il n'est pas sûr
que la situation perdure dans la mesure où la Banque centrale
européenne (BCE) suit les traces de la Réserve fédérale (Fed) en
matière de resserrement de la politique monétaire. "La BCE est un
peu en retard par rapport à la Fed en ce qui concerne les
relèvements de taux, mais la trajectoire est la même. Ce grand
écart pourrait disparaître de lui-même", note Luca Solca, analyste
du secteur du luxe chez Bernstein. Ce n'est toutefois pas non plus
garanti : les taux d'intérêt dans la zone euro devraient atteindre
un pic à 3,1% l'an prochain, contre 5,1% attendus pour la Fed.
Une clientèle désormais locale
Les marques de luxe pourraient relever leurs prix en Europe pour
rééquilibrer la situation, mais la prudence s'impose. Trois ans
plus tôt, elles n'auraient certainement pas hésité mais la pandémie
a depuis rebattu les cartes de leur activité. En 2019, près de la
moitié des ventes totales de produits de luxe en Europe étaient
liées aux achats de touristes étrangers, notamment chinois.
Aujourd'hui, les touristes asiatiques étant moins nombreux à se
rendre en Europe, les marques dépendent davantage de la clientèle
locale.
De fortes hausses de prix pourraient gêner les clients européens et
les marques ne peuvent pas déterminer avec certitude quels montants
resteraient acceptables. Bien que les dépenses de luxe se soient
étonnamment bien tenues, la plupart des griffes ont déjà relevé
leurs prix de 8% cette année et la confiance des consommateurs
européens est assez faible à l'approche d'un hiver qui s'annonce
difficile.
Les maisons européennes n'ont pas non plus de réelles raisons de
vouloir rééquilibrer la tendance en baissant les prix dans leurs
boutiques américaines. La plupart de leurs coûts étant libellés
dans leur propre devise, la faiblesse de l'euro favorise leurs
marges. Par ailleurs, elles ne sont plus soumises aux mêmes
pressions que par le passé pour remédier à ces écarts de prix.
Voilà plusieurs années, les articles de luxe affichaient en Europe
des prix inférieurs de près de 50% à ceux pratiqués en Chine, en
raison des fluctuations du taux de change euro-yuan. Les "daigou",
intermédiaires chinois qui achètent des produits à l'étranger pour
les revendre à leurs compatriotes en Chine, pouvaient ainsi
profiter de visites en Europe pour faire des achats, envoyer les
produits en Chine pour un coût inférieur à celui pratiqué par les
boutiques chinoises, tout en empochant un profit intéressant. Le
surcoût payé par les clients chinois a augmenté récemment de 5
points de pourcentage pour atteindre 35%, mais les voyages vers
l'Europe sont encore trop compliqués pour qu'ils puissent l'éviter.
Jusqu'à présent, les entrepreneurs américains n'ont pas tiré parti
de la même façon de cette opportunité d'arbitrage.
En fonction notamment des décisions que prendront les banques
centrales, les produits de luxe européens pourraient rester
particulièrement attrayants pour les Américains pendant quelque
temps encore.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV
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November 15, 2022 06:18 ET (11:18 GMT)
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