Les entreprises françaises vont devoir mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. En 2012, elles ont levé le pied en matière de croissance externe, à l'inverse de leurs homologues allemandes, britanniques et américaines, qui ont repris les acquisitions après un gel marqué entre 2009 et 2011, souligne Havas Worldwide Paris dans son étude annuelle sur le partage de la valeur.



L'acquisition, un moteur de croissance



La pause marquée par les sociétés françaises est tout sauf symbolique. L'année dernière, la croissance externe des entreprises du SBF 120 a été inférieure de moitié en valeur à celle réalisée en 2011, d'après ce rapport. Une évolution d'autant plus préoccupante que la croissance externe constitue traditionnellement les trois quarts de leur croissance, selon l'agence de communication financière.



Une politique volontariste de croissance externe semble pourtant indispensable, ne serait-ce que pour accélérer leur développement dans des pays à plus forte croissance, à un moment où les perspectives de la zone euro semblent durablement plombées par le nécessaire désendettement des Etats européens.



Pour quelques sociétés comme Air Liquide (AI.FR), Eurofins (ERF.FR), ou Zodiac (ZC.FR), qui réalisent régulièrement des acquisitions, d'autres comme Seb (SK.FR), Bic (BB.FR), Gemalto (GTO.FR), Imerys (NK.FR) ou même Havas (HAV.FR), la maison mère d'Havas Worldwide, sont restées discrètes en matière de croissance externe sans que leur situation financière le justifie. D'autres se sont abstenues parce que leurs priorités sont ailleurs, comme Lafarge (LG.FR) qui réduit sa dette, ou STMicroelectronics (STM.FR), dont l'attention a été détounée par les difficultés de sa filiale ST-Ericsson.



De sociétés trop dépendantes des banques



Pour leur part, leurs dirigeants pointent l'absence d'opportunités. Ils "attendent, depuis un an, la bonne opportunité de croissance externe en termes de timing et de prix", rapporte Havas Worldwide après les avoir interrogés. Un obstacle qui n'a pourtant pas empêché les Allemands et les Anglo-saxons de passer à l'offensive.



Mais l'attentisme des entreprises françaises est également lié à leur dépendance aux banques, dont elles n'ont pas su s'émanciper ces dernières années. Là où les firmes anglo-saxonnes se financent à 80% sur le marché obligataire, rapporte Havas, les sociétés du CAC 40 n'y recourent encore qu'à hauteur de 20% de leur dette. Pour les plus petites entreprises du SBF 120, cette part est même négligeable.



Résultat, "le resserrement des conditions de crédit bancaire, en raison notamment de l'instauration de nouvelles règles prudentielles plus strictes, touche plus durement les sociétés françaises que les autres", a expliqué Bénédicte Hautefort, associée chez Havas Worldwide Paris, à Dow Jones Newswires. Et les sociétés préfèrent se constituer des matelas de liquidités pour accroître leurs marges de manoeuvre financières. En 2012, elles devraient avoir mis de côté un cinquième de leur cash flow, selon les calculs d'Havas.



Un changement de culture nécessaire



Les entreprises françaises, en particulier de taille moyenne ou intermédiaire, doivent diversifier leurs sources de financement, même si cela implique un changement de culture, de leur part comme de celle du marché. "Les entreprises redoutent la lourdeur et l'anonymat d'une relation avec des détenteurs d'obligations, et les marchés préfèrent les signatures du CAC 40", observe Havas. Certaines, comme Eurofins, se montrent plus volontaires et testent le marché.



Mais ce changement de culture risque de prendre du temps et ne peut justifier à lui seul une passivité durable des entreprises françaises en matière d'acquisitions. C'est bien pour accroître leur souplesse financière qu'elles ont mis en place des solutions intermédiaires comme la multiplication des lignes de crédit. Les investisseurs sont en droit d'attendre qu'elles s'en servent pour réaliser des acquisitions. Faute de quoi les grandes entreprises françaises cotées risquent de se laisser distancer sur l'échiquier mondial.



-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@dowjones.com

Societe BIC (EU:BB)
Graphique Historique de l'Action
De Sept 2024 à Oct 2024 Plus de graphiques de la Bourse Societe BIC
Societe BIC (EU:BB)
Graphique Historique de l'Action
De Oct 2023 à Oct 2024 Plus de graphiques de la Bourse Societe BIC