Worldline est finalement la plus grosse fintech européenne »
La vie des actionnaires
Par Delphine Tillaux |investir.fr |Le 22/04/16 Ã 17:35@dtillaux
Le directeur général du futur numéro un européen des services de
traitement de transactions pour les banques rappelle les ambitions de la
filiale d’Atos dans un marché européen en pleine mutation.
Gilles Grapinet, directeur général de Worldline | Crédits photo : Hugo Bacoul Comment les premiers mois de l’exercice se sont-ils déroulés ?C’est
un très bon début d’année parfait...
Worldline est finalement la plus grosse fintech européenne »
La vie des actionnaires
Par Delphine Tillaux |investir.fr |Le 22/04/16 Ã 17:35@dtillaux
Le directeur général du futur numéro un européen des services de
traitement de transactions pour les banques rappelle les ambitions de la
filiale d’Atos dans un marché européen en pleine mutation.
Gilles Grapinet, directeur général de Worldline | Crédits photo : Hugo Bacoul Comment les premiers mois de l’exercice se sont-ils déroulés ?C’est
un très bon début d’année parfaitement en ligne avec nos objectifs,
tant au niveau de la performance commerciale que de la génération de
trésorerie. La croissance organique du chiffre d’affaires est de 6,5 %,
soutenue par nos trois activités. Cela est particulièrement significatif
dans notre division Services aux commerçants, dont la croissance est de
+ 11,2 % en ce début d’année.PUBLICITÉinRead invented by TeadsVous visez autour de 3 % croissance interne cette année ; c’est moins que les 4,4 % de 2015. Pourquoi ?En
2016, la performance sera temporairement affectée par la fin programmée
de deux anciens contrats du groupe dans le secteur public, l’un en
France et l’autre en Grande-Bretagne,
qui pèseront pour environ 5 points de croissance sur l’année. C’est
pourquoi l’ambition de 3 % de croissance en 2016 correspond, en fait, Ã
une accélération significative de la quasi-totalité du reste de nos
métiers, que nous voyons plutôt atteindre un rythme de l’ordre de + 8 %
en 2016. Ce premier trimestre le reflète d’ailleurs pleinement puisque
ÂWorldline publie une croissance de 6,5 %, ce qui correspond, si on
neutralise l’impact de l’arrêt du contrat britannique mentionné plus
haut, à une croissance sous-jacente de l’ordre de 9,5 % sur le reste,
c’est-à -dire sur près de 97 % de notre activité.Quels
éléments vous permettront d’améliorer de 0,8 % votre marge d’Ebitda
cette année ? Quel est le niveau cible que vous pensez pouvoir atteindre
à terme ?Après une progression de plus de 100 points
depuis 2014, cet objectif d’atteindre en 2016 une amélioration de la
marge opérationnelle avant dépréciations et amortissements (OMDA) de
l’ordre de 80 points de base est la poursuite de nombreuses actions déjÃ
engagées depuis deux ans. Cela doit nous permettre d’atteindre un
niveau de 20 % du chiffre d’affaires. La croissance des volumes de
transactions et nos succès commerciaux y contribueront, bien sûr, de
même que les effets positifs de notre programme interne d’amélioration
opérationnelle, Team.Comment l’intégration d’Equens se passe-t-elle ? Pouvez-vous nous redonner les grands axes stratégiques de cette acquisition ?Pour
rappel, cette opération majeure, dont la clôture est prévue avant
l’été, est en deux volets. Le premier est l’acquisition en numéraire,
pour 72 millions d’euros, de la société Paysquare, filiale d’Equens dans
les activités de traitement de paiement pour le compte des commerçants,
qui sera intégrée dans la division correspondante de Worldline.Ensuite,
dans notre cœur de métier historique qu’est le traitement des
transactions pour le compte des banques, nous allons fusionner nos
activités au sein du reste de la société Equens, en échange de quoi nous
détiendrons 63,6 % du capital de la future société, qui sera nommée
Equens Worldline Company. Nous avons très bien progressé, ces derniers
mois, vers la finalisation de la transaction, et il ne nous reste qu’Ã
obtenir les accords des autorités de régulation, ce qui devrait être
fait avant la fin du semestre.Grâce à cette opération, Worldline
sera le numéro un européen des services de traitement de transaction
pour les banques avec un chiffre d’affaires d’environ 700 millions
d’euros dans ce domaine spécifique. Les synergies attendues se mettront
en place progressivement pour atteindre 40 millions en 2018, auxquels
s’ajouteront 15 millions supplémentaires à horizon 2021. En outre, Ã
l’occasion de cette transaction, les actionnaires d’Equens, ABN Amro,
ING, Rabobank, DZ Bank et ICBPI, se sont engagés pour cinq ans à rester
clients de la société. Cela représente un carnet de commandes
significatif de l’ordre de 1 milliard d’euros, offrant une très forte
visibilité pour la société, qui peut ainsi se Âconcentrer sur la mise en
place des synergies industrielles et technologiques.Par ailleurs, nous avons annoncé, en février, notre alliance avec Komer?ni Banka, filiale bancaire de Société Générale
en République tchèque, qui renforcera également dans quelques mois nos
activités dans le domaine des services aux commerçants. Grâce à ces
opérations, d’ici à la fin de l’été, Worldline aura significativement
changé de dimension. Entre l’acquisition de Paysquare et l’alliance avec
Komer?ni Banka, nos activités d’acquisition de paiements commerçants
auront crû de l’ordre de 40 % ; avec la création d’Equens Worldline
Company, nos activités de paiement tournées vers les banques auront,
elles, crû de l’ordre de 66 %. Le groupe réalisera en année pleine plus
de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires cette année, soit une
croissance de l’ordre de 30 % depuis l’introduction de la société en
Bourse.Avez-vous décidé de lever ou non l’option d’achat sur le reste du capital d’Equens Worldline ?En
vertu de nos accords avec les actionnaires d’Equens, la question ne se
posera qu’à partir de 2019, mais ce serait la suite logique de notre
projet industriel commun.Avez-vous des projets ou besoins de nouvelles acquisitions ?Le
groupe dispose d’un bilan extrêmement solide. Après l’été et le
paiement de nos acquisitions, notre trésorerie nette restera positive de
l’ordre de 300 millions d’euros. Nous avons donc les moyens de
participer à la consolidation du marché européen des paiements,
mouvement aujourd’hui Âirréversiblement lancé. L’Europe industrielle des
paiements électroniques doit encore se construire, et il existe
aujourd’hui un alignement des planètes exceptionnellement favorable Ã
cela. Tout d’abord, la formation de la zone Sepa (Single Euro Payments
Area) est achevée depuis deux ans, mais, jusqu’à Âprésent,
l’harmonisation avait été principalement technique à travers la
standardisation des formats et des protocoles d’échange.Ces deux dernières années, la réglementation a aussi beaucoup évolué sur les modèles économiques, et, en particulier, la Commission européenne
a imposé une forte baisse du prix des commissions d’interchange sur les
paiements par carte, le cœur du marché. De ce fait, l’unification des
nombreuses plateformes de traitement des paiements électroniques en
Europe, dont la fragmentation actuelle reflète encore beaucoup la
géographie des anciennes monnaies nationales, redevient une priorité. A
cause de la crise bancaire, d’une part, et de la longueur des débats sur
la réglementation, d’autre part, le sujet avait été un peu mis de côté,
ces dernières années, mais il redevient central et brûlant sur notre
continent. Par ailleurs, les banques européennes privilégient plus que
jamais la recherche de gain d’efficacité et sont de plus en plus
conscientes que seule l’échelle industrielle européenne, celle qui est
permise par notre monnaie unique l’euro, permettra à la fois d’abaisser
les coûts, de renforcer la sécurité et d’investir massivement dans les
innovations du paiement digital.C’est pourquoi l’Europe a besoin
de sociétés de processing à l’échelle du continent. Worldline est l’un
des plus gros acteurs européens. Outre-Atlantique, il existe une
demi-douzaine de sociétés de traitement industriel de paiement et de
services aux commerçants qui affichent des chiffres d’affaires de 6 Ã
12 milliards de dollars. C’est une opportunité fantastique pour l’Europe
et pour Worldline : partout un phénomène de convergence a lieu en
faveur des paiements électroniques, qui représentent donc des potentiels
structurels de croissance des volumes à traiter de 2 à 4 fois la
croissance du PIB européen. C’est aussi pour cela que beaucoup d’argent
est investi dans les Âfintechs, et nous sommes, finalement, la plus
grosse fintech européenne.Que deviennent ces mêmes activités réalisées hors d’Europe ?Nous
conservons, bien entendu, les activités portant sur le métier du
traitement des transactions pour les banques hors d’Europe. Nous sommes,
en fait, présents en Asie-Pacifique, en Inde, en Chine, etc.
Ces activités pèsent environ 70 millions d’euros mais affichent une
croissance extrêmement élevée. Nous exportons en Asie de nombreuses
solutions éprouvée sur nos marchés européens et bénéficions aussi de
l’appui d’équipes de développement en Inde. C’est aussi une plateforme
d’observation car nous sommes proches de ces pays, qui, souvent,
adoptent très rapidement les dernières innovations technologiques et
enjambent les étapes intermédiaires par lesquelles l’Europe ou les Etats-Unis sont passées.Pensez-vous que le paiement mobile va se développer ?Nous
en sommes convaincus. Worldline réalise déjà pour ses clients deux
types de porte-monnaie électroniques. D’une part, ceux qui sont
développés pour les banques, qui, au-delà d’être une extension de la
carte bancaire, doivent s’enrichir pour être une extension de la banque
en ligne, et, in fine, d’une partie de la relation bancaire.D’autre
part, ceux qui sont développés pour le compte de grands commerçants,
et, dans ce dernier cas, il s’agit d’une application permettant le
paiement mais aussi de passer commande, de bénéficier d’offres
spécifiques liées à la géolocalisation, d’éviter la queue dans les
magasins, de gérer la fidélité, de mémoriser les tickets de caisse ou
les bons de garantie des produits achetés… Cela s’affirme comme un
segment très dynamique pour nous, et nous développons actuellement des
« wallets commerçants » pour de très grandes enseignes, qui ont des
stratégies digitales très offensives et où le wallet, grâce à ses
fonctionnalités avancées, a vocation, grâce à la dématérialisation
totale du paiement, à aider, en fait, à redéfinir le parcours et, in
fine, l’expérience d’ensemble du client avec la marque. Tout cela nous
ramène aux sources de notre métier ; notre industrie du paiement s’est
toujours développée autour de principes simples : la commodité maximale
pour les clients, l’usage de masse et la valeur ajoutée dans le contexte
métier propre à chaque commerçant, la confiance et la sécurité pour
tous. Ces principes sont plus que jamais valables, à l’heure où les
jeunes générations sont des digital natives !Un autre moyen de
paiement pourrait aussi changer rapidement les usages dans de nombreux
secteurs : le virement interbancaire instantané. Cette initiative, dite
instant payments, portée entre autres par les banques centrales
européennes, veut offrir la possibilité de virer de l’argent d’un compte
à l’autre en quasi temps réel.Dans les faits, cela impliquera
des évolutions importantes des infrastructures de compensation
interbancaires. Au lieu de réaliser des procédures de compensation
toutes une fois par jour, par exemple, elles pourraient le faire presque
en temps réel. Certains pays, comme le Royaume-Uni ou Singapour, ont
déployé aujourd’hui avec succès ces solutions, et il est certain qu’une
telle innovation, combinée au mobile payments, pourra transformer de
nombreux usages. Cette tendance structurante est d’ailleurs l’une des
raisons industrielles de notre fusion avec Equens, domaine où
l’entreprise a une expertise forte et reconnue.A l’inverse, peut-on s’attendre à des cessions d’activités, notamment au sein du pôle Mobility ?Le
pôle Mobility réalise 400 millions d’euros de chiffre d’affaires. Dans
ce pôle, nous mettons notre expertise technologique du paiement et des
transactions au service d’autres types d’activités et de clients que les
banques ou les commerçants. C’est le cas des acteurs du transport ou
des gouvernements, pour les tickets électroniques ou le paiement des
impôts, par exemple. Tous veulent abandonner le support papier. Un autre
domaine d’application s’ouvre au traitement des transactions, celui du
monde industriel, avec les objets connectés. Ce pôle a donc une
dynamique forte de développement.Existe-t-il des synergies avec votre maison mère ?Atos et Worldline ont de fortes complémentarités, notamment au niveau de la clientèle, puisque Atos
a de nombreux clients industriels, bancaires et gouvernementaux, par
exemple, qui peuvent être très porteurs pour Worldline. Par souci
d’économie d’échelle, nous partageons des centres de services communs
(gestion de la paie, de la comptabilité…), et, évidemment, s’agissant de
deux groupes technologiques de pointe, de nombreuses passerelles ont
été développées pour nos collaborateurs dans les deux sens.Après deux ans sans dividende, envisagez-vous de reprendre une politique de distribution en faveur de tous vos actionnaires ?Nous
avons considéré que la priorité était d’utiliser notre trésorerie pour
les acquisitions, car c’est maintenant que l’Europe se consolide. Mais
il est vrai que nous avons un très fort taux de conversion du cash-flow,
de 55 % en 2015, et que la société, dans la durée, a vocation Ã
distribuer régulièrement un dividende à ses actionnaires.En savoir plus sur http://investir.lesechos.fr/actionnaires/interview...
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