Le gouvernement britannique a tenu une réunion de crise après
l'annonce surprise de la faillite du groupe de construction et de
services Carillion, l'opposition de gauche critiquant vivement la
gestion du dossier par l'équipe de Theresa May.
La réunion a eu lieu lundi soir en présence des ministres concernés
dont celui des Finances Philip Hammond qui n'a fait aucun
commentaire.
Le gouvernement a refusé de fournir des garanties pour le
renflouement du groupe en grandes difficultés financières qui
emploie 43.000 personnes dans le monde (Canada, Moyen-Orient et
Afrique du Nord) dont 19.500 en Grande-Bretagne, mais s'est engagé
à financer les nombreux services publics que la société assurait au
Royaume-Uni et à payer les salaires.
Carillion cumule des contrats en cours auprès du secteur public ou
en partenariat public-privé d'un montant d'environ 1,7 milliard de
livres (1,91 milliard d'euros), fournissant notamment des services
de restauration pour des écoles et des hôpitaux, et l'entretien
quelque 50.000 logements du ministère de la Défense.
L'opposition a vivement critiqué le gouvernement, accusé d'avoir
continuer à accorder des contrats au groupe qui selon elle
accumulait des erreurs de gestion avec notamment des très hauts
salaires accordés à certains ex-dirigeants.
"La faillite de Carillion marque un tournant", a twitté le chef du
parti travailliste Jeremy Corbyn.
"Il est temps de mettre fin à l'arnaque des politiques de
privatisation qui ont causé de graves dommages à nos services
publics et plumés les contribuables de milliards de livres", a-t-il
ajouté.
Faute d'accord sur son renflouement, Carillion explique avoir été
contraint "de se placer en liquidation avec effet immédiat".
Le sauvetage du groupe s'est joué à peu de choses, selon l'agence
de presse britannique PA, qui affirme que Carillion avait demandé
20 millions de livres au gouvernement afin d'être en mesure
d'obtenir ensuite davantage de fonds auprès des banques. Celles-ci
avaient conditionné tout renflouement à une intervention directe
des autorités publiques.
Ces mêmes banques créancières devraient perdre autour de 2
milliards de livres avec cette liquidation, en comptant leur
exposition aux différentes filiales du groupe, selon la presse
britannique.
- 'Echec complet d'un système' -
Le groupe de construction et de services Carillion a brutalement
fait faillite lundi, laissant en plan des milliers de salariés.
"Nous n'avons pas été capables de trouver les fonds pour soutenir
notre activité", a déclaré Philip Green, président du conseil
d'administration du groupe.
La presse évoquait ces derniers jours une possible cessation de
paiement, mais le groupe a surpris en se déclarant directement en
liquidation, laquelle va être orchestrée par un responsable désigné
par le tribunal des faillites ainsi que par le cabinet PwC.
Carillion a mené d'âpres discussions durant le week-end avec des
représentants du gouvernement et ses créanciers, espérant réduire
sa dette et renforcer son capital, mais sans succès.
"Il n'est pas possible d'attendre des contribuables de sauver une
société du secteur privé", a expliqué David Lidington, secrétaire
d'Etat auprès de la Première ministre.
Certains analystes soulignent toutefois le risque pris par le
gouvernement conservateur, échaudé par toute aide publique au
secteur privé depuis la crise financière de 2008.
"Le financement temporaire par le gouvernement des contrats de
service public de Carillion, ainsi que l'augmentation probable des
coûts liées à la renégociation des contrats, font que très
probablement il va payer bien plus que s'il avait fourni les
garanties demandées", estime Rebecca O'Keefe, analyste chez
Interactive Investor.
Les syndicats ont demandé immédiatement des assurances sur l'avenir
des emplois. Pour GMB, très présent dans le secteur public, cette
faillite "montre l'échec complet d'un système qui a mis nos
services publics entre les mains de groupes louches et concentrés
sur le profit".
Le groupe, dont le siège est à Wolverhampton (centre de
l'Angleterre), était engagé dans d'importants projets de travaux
publics au Royaume-Uni et croulait sous une dette de 1,5 milliard
de livres (1,68 milliard d'euros), dont celle liée à son fonds de
retraite.
La situation financière du groupe s'est lourdement dégradée ces
dernières mois, en raison de reports de chantiers, de difficultés
dans l'exécution de contrats et de retards de paiement, entraînant
un plongeon de son action.
Pour couronner le tout, il faisait l'objet d'une enquête du
gendarme boursier britannique concernant les annonces financières
faites entre décembre 2016 et juillet 2017.
Sa chute pourrait avoir des conséquences sur le projet géant High
Speed 2 (HS2) de nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse au
Royaume-Uni, que Carillion portait aux côtés du britannique Kier et
du français Eiffage.
Le gouvernement britannique a toutefois assuré que le projet se
poursuivait et que l'avenir des actifs de Carillion ne serait pas
décidé dans la précipitation.
La Bourse de Londres a terminé lundi en légère baisse de 0,12%,
marquée par la liquidation de Carillion qui a entraîné un repli des
valeurs de la construction et de plusieurs banques.
(END) Dow Jones Newswires
January 16, 2018 00:56 ET (05:56 GMT)
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