Actualisé: Fiasco mozambicain: Rio Tinto et deux ex-dirigeants inculpés aux Etats-Unis
18 Octobre 2017 - 8:08AM
Dow Jones News
Le géant minier anglo-australien Rio Tinto et deux de ses
ex-dirigeants ont été inculpés par les autorités américaines pour
avoir dissimulé l'étendue du fiasco d'un investissement en 2011
dans des mines au Mozambique.
Le deuxième groupe minier mondial, qui a promis mercredi de se
défendre "vigoureusement", a annoncé de son côté un accord avec le
gendarme financier britannique, la Financial Conduct Authority
(FCA), au sujet du même dossier.
Rio Tinto a écopé dans ce cadre d'une amende de 27,35 millions de
livres (36 millions de dollars) pour atteinte aux règles de
transparence en n'ayant pas réalisé au moment opportun de test de
dépréciation.
L'inculpation aux Etats-Unis est consécutive à une plainte déposée
par le gendarme américain de la Bourse, la SEC, auprès d'un
tribunal de Manhattan, a indiqué Rio Tinto dans un communiqué.
La SEC reproche à Rio Tinto ainsi qu'à Thomas Albanese et Guy
Elliott, respectivement PDG et directeur financier du groupe au
moment des faits, de n'avoir pas tenu compte des avertissements de
responsables opérationnels concernant la filiale Rio Tinto Coal
Mozambique (RTCM).
Celle-ci avait été acquise en 2011 pour 3,7 milliards de dollars,
et revendue trois ans après pour 50 millions à un groupe
indien.
Rio Tinto avait fait le pari que ces mines de charbon allaient lui
rapporter énormément. Mais le groupe aurait vite déchanté après
s'être vu refuser un permis par le gouvernement mozambicain.
- 'Sauver leurs carrières' -
Cette dernière décision a considérablement joué sur la valeur des
actifs, d'autant que les infrastructures de transport étaient
absentes.
MM. Albanese et Elliott auraient décidé de dissimuler cette perte
de valeur aux investisseurs ou de retarder sa révélation, accuse la
SEC.
"Comme l'avance notre plainte, les hauts dirigeants de Rio Tinto
auraient manqué à leurs obligations de transparence et à leurs
devoirs vis-à-vis de l'entreprise en dissimulant à leur conseil
d'adminitration, au comité d'audit et aux investisseurs le fait
crucial qu'une transaction de plusieurs milliards de dollars était
un échec", a déclaré Stephanie Avakian, de la SEC.
"Ils ont essayé de sauver leurs carrières aux dépens des
investisseurs en dissimulant la vérité", fustige Steven Peikin, un
autre responsable de la SEC.
La manoeuvre aurait duré de mai 2012 à janvier 2013, jusqu'au
départ de M. Albanese.
Rio Tinto ainsi que MM. Albanese et Elliott ont été inculpés pour
toute une série de violations des lois fédérales américaines en
matière de valeurs mobilières.
La SEC espère obtenir notamment le recouvrement des gains indûs qui
auraient été réalisés, ainsi que des pénalités civiles.
Pour expliquer la dépréciation de 3 milliards de dollars annoncée
en janvier 2013, Rio Tinto avait avancé alors une révision à la
baisse des estimations sur la quantité de charbon à coke contenu
dans ses mines mozambicaines de Tete (nord-ouest).
Il avait aussi mis en avant des raisons logistiques: le charbon
devait au départ être transporté par barge sur le fleuve Zambèze
jusqu'aux ports de l'océan Indien pour être exporté, mais le
gouvernement de Maputo n'avait pas donné son accord pour des
raisons environnementales.
Les autorités mozambicaines avaient toutefois immédiatement fait
part de leurs doutes sur les raisons invoquées par Rio Tinto,
Maputo évoquant à l'époque une possible raison interne au géant
minier.
Outre RTCM, le groupe avait dû au même moment inscrire une charge
distincte comprise entre 10 et 11 milliards de dollars liée à ses
actifs dans l'aluminium, principalement Rio Tinto Alcan et Pacific
Aluminium.
Rendre public une seconde dépréciation aurait immanquablement
contribué à alimenter les doutes sur les capacités de l'équipe
dirigeante de Rio, accuse la SEC.
La dissimulation de cette déprédation a au contraire permis au
groupe de publier des résultats erronés peu avant une série
d'émissions obligataires.
Rio, dont l'action a perdu mercredi à Sydney 0,74% à 70,93 dollars
australiens, a rejeté les accusations.
"Rio Tinto pense que la plainte de la SEC n'est pas fondée et que,
lorsque tous les faits seront étudiés par le tribunal, ou si
nécessaire au pénal, les allégations de la SEC seront rejetées",
avance le deuxième groupe minier mondial.
(END) Dow Jones Newswires
October 18, 2017 01:48 ET (05:48 GMT)
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