Re-Actualisé: Google a collecté les informations médicales de millions de patients sans les informer
11 Novembre 2019 - 10:09PM
Dow Jones News
(Actualisation: éléments de contexte)
SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Google s'est associé à un des
principaux groupes de santé aux Etats-Unis pour collecter et
analyser de manière confidentielle les informations médicales de
millions d'Américains dans 21 Etats, selon des sources proches du
dossier et des documents internes.
Ce projet, baptisé "Project Nightingale" (projet rossignol),
constitue la tentative la plus aboutie à ce jour d'un géant de la
Silicon Valley pour accéder aux données personnelles des patients
et s'implanter dans l'industrie de la santé. Amazon, Apple et
Microsoft cherchent également à prendre pied sur ce marché.
Google a lancé cette initiative l'année dernière avec le
gestionnaire d'hôpitaux et de centres médicaux Ascension, le
deuxième groupe de santé américain, sans en informer les patients
ni les médecins.
Les données collectées comprennent les résultats d'analyses
médicales, les diagnostics des médecins et les bilans
d'hospitalisation. Elles permettent de retracer intégralement
l'histoire médicale des patients, et incluent leur nom et leur date
de naissance.
Au moins 150 employés de Google ont déjà accès à la majorité des
données de dizaines de millions de patients, selon une des sources
proches du dossier interrogées.
Des salariés d'Ascension ont soulevé des questions au sujet de
l'utilisation et du partage de ces informations, selon des
documents internes. Mais des experts en vie privée ont estimé que
de telles pratiques semblaient légales au regard de la loi
américaine.
Une loi fédérale de 1996 autorise aux Etats-Unis les hôpitaux à
partager leurs données avec des partenaires commerciaux sans en
informer les patients, tant que les informations concernées sont
utilisées "uniquement pour aider l'entité en question à exercer ses
fonctions de soin".
Dans le cas présent, Google utilise ces informations pour mettre au
point de nouveaux logiciels basés sur l'intelligence artificielle
et proposer des modifications aux traitements prescrits aux
patients.
Une porte-parole de Google a déclaré que ce projet était
entièrement conforme à la législation américaine en vigueur et
qu'il prévoyait d'importantes protections pour les données des
patients. Un porte-parole d'Ascension n'a pas souhaité réagir dans
l'immédiat.
Google a affecté des dizaines d'ingénieurs au projet Nightingale
jusqu'à présent, sans contrepartie financière, le groupe espérant
utiliser le résultat de ses travaux pour commercialiser des
produits similaires auprès d'autres clients du secteur de la santé.
L'objectif est de créer un outil de consultation permettant
d'agréger les données disparates des patients et de les héberger au
même endroit, selon des documents consultés par le Wall Street
Journal.
Ascension, qui compte près de 2.600 cliniques et cabinets médicaux
aux Etats-Unis, souhaite améliorer le suivi médical de ses
patients. Mais les données permettront aussi de déterminer si
d'autres examens sont nécessaires et s'il est possible de facturer
des actes médicaux supplémentaires au patient, selon ces
documents.
Le projet est développé au sein de la division d'informatique
dématérialisée ("cloud") de Google, qui cherche à rivaliser avec
Amazon et Microsoft. Le directeur général de Google, Sundar Pichai,
a répété à plusieurs reprises que sa priorité était de rechercher
de nouveaux relais de croissance dans le cloud.
Comme bon nombre de ses pairs de la Silicon Valley, Google fait
l'objet de critiques récurrentes au sujet de la protection de la
vie privée de ses utilisateurs. Son service de vidéo YouTube a
accepté en septembre de régler 170 millions de dollars d'amendes et
de modifier ses pratiques à la suite de plaintes l'accusant de
collecter illégalement des données sur les enfants pour vendre des
publicités.
L'an dernier, le Wall Street Journal avait également rapporté que
Google avait caché un bug informatique qui exposait des centaines
de milliers de dates de naissance, de coordonnées et d'autres
données personnelles de ses abonnés au réseau social Google Plus,
désormais fermé en partie par crainte que l'incident ne déclenche
une enquête des régulateurs.
-Rob Copeland, The Wall Street Journal (Version française Thomas
Varela, Jérôme Batteau) ed: TVA
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November 11, 2019 15:49 ET (20:49 GMT)
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