François Berthon,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--A nouveau dirigeant, nouvelle stratégie.
Nommé le 1er septembre à la tête de Sanofi pour succéder à Olivier
Brandicourt qui a fait valoir ses droits à la retraite, Paul Hudson
dévoilera le 10 décembre prochain sa vision aux marchés lors d'un
"capital markets day", le premier organisé par le groupe
pharmaceutique depuis deux ans.
"Les grandes lignes de la stratégie et des objectifs financiers à
trois ou quatre ans seraient les bienvenus", indique Jean-Jacques
le Fur, analyste chez Bryan Garnier. "Le groupe se remet en ordre
de marche avec de nouveaux managers, le marché a besoin de savoir
où l'on va", ajoute-t-il.
Outre Paul Hudson, arrivé il y a moins de trois mois en provenance
de Novartis, le directeur financier, Jean-Baptiste Chasseloup,
transfuge du groupe automobile PSA, a pris ses fonctions le 1er
octobre 2018, peu de temps après la prise de poste, le 1er juillet
de la même année, de l'Américain John C. Reed, débauché chez Roche
pour redynamiser la recherche et développement.
A leurs côtés, "Paul Hudson hérite d'une marge de manœuvre
importante pour libérer de la valeur pour les actionnaires", la
nouvelle direction pouvant "s'appuyer sur leurs expériences
combinées", relèvent les analystes Morgan Stanley.
Vers une scission du pôle de santé grand public ?
A l'approche de la journée investisseurs, très attendue,
l'attention du marché est d'ores et déjà focalisée sur l'activité
de santé grand public ("Consumer Healthcare") du groupe
pharmaceutique, célèbre notamment pour l'antalgique Doliprane, le
laxatif Dulcolax ou encore l'antihistaminique Allegra.
Citant des sources proches du dossier, l'agence Bloomberg
rapportait voilà une semaine que l'entreprise envisageait
différentes options pour cette branche, qui pourrait être valorisée
à 30 milliards de dollars.
Le sujet pourrait surprendre alors que Sanofi avait renforcé son
pôle de médicaments sans ordonnance en 2015 en échangeant son
activité de santé animale contre l'activité de santé grand public
de l'allemand Boerhinger Ingelheim. Mais le contexte n'est plus
tout à fait le même. La plupart des grands groupes pharmaceutiques
entrés dans cette activité à l'époque l'avaient fait pour
équilibrer les risques face à un modèle économique qui risquait
d'être fragilisé par la perte d'importants brevets.
A l'inverse, "aujourd'hui, le sens de l'histoire est de se
refocaliser sur la pharmacie de spécialité avec des médicaments
offrant une véritable valeur ajoutée", remarque Martial
Descoutures, chez Oddo BHF.
Cette tendance de fond n'implique toutefois pas forcément des
cessions pures et simples. GlaxoSmithKline (GSK) et Pfizer ont par
exemple finalisé cet été un accord emblématique pour constituer une
coentreprise réunissant leurs activités dans le domaine de la santé
grand public.
Sur ce marché peu concentré, où la part de marché de la nouvelle
joint-venture de GSK et Pfizer ne dépasse pas les 8%, la
rentabilité passe par une certaine taille critique, qui permet
d'augmenter le retour sur investissement. "Les scissions dans le
secteur de la santé ont généralement créé de la valeur pour les
actionnaires", note ainsi Jefferies.
Pour Sanofi cependant, il n'y a pas nécessairement urgence.
Contrairement à Pfizer ou GSK, l'activité de santé grand public
affiche une rentabilité proche de celle du groupe, avec une marge
de 35,1% sur les neuf premiers mois 2019, contre 37% pour les
activités pharmaceutiques.
De plus, l'entreprise affiche "les perspectives de croissance à
plus faible risque de l'industrie pharmaceutique européenne, sans
expiration de brevets majeure à l'horizon, et avec un portefeuille
de produits en phase finale de développement largement dénué de
risques", souligne Morgan Stanley.
L'important cash généré par le pôle de santé grand public a par
ailleurs son utilité pour financer la R&D et le dividende.
Renforcer le portefeuille de produits en développement
A côté de l'avenir de la santé grand public, "la Chine sera l'autre
sujet du moment" lors de la journée investisseurs, estime Martial
Descoutures, chez Oddo-BHF. Le groupe pourrait fournir des
précisions sur le calendrier de lancement des nouveaux produits
dans la région et leur impact attendu sur la marge. Le management a
confirmé prévoir de soumettre d'ici à fin 2020, dix médicaments en
Chine, dont le produit d'immunologie Dupixent et l'antidiabétique
Toujeo.
Le sujet des réductions de coûts mérite sans doute aussi d'être
abordé, alors que les initiatives prises dans ce domaine n'ont pas
véritablement frappé les esprits jusqu'à maintenant. La direction
de Sanofi vise une hausse limitée de 1,1% de ses dépenses
d'exploitation jusqu'en 2021, avec un budget de recherche et
développement globalement stable à 6 milliards d'euros. Jefferies
espère que le contrôle des coûts sera "mieux articulé" sous la
direction de Paul Hudson, permettant d'améliorer sa perception par
les marchés.
En termes de priorités thérapeutiques, l'accent devrait être mis
sur l'oncologie, domaine clé dans lequel Sanofi dispose de deux
fers de lance, le Libtayo, produit d'immuno-oncologie autorisé
depuis 2018 aux Etats-Unis dans le cancer de la peau, et
l'isatuximab, qui pourrait bientôt être approuvé contre une forme
rare de cancer du sang. Avec un impératif : "le renforcement du
pipeline est primordial pour appréhender au mieux cette nouvelle
décennie", souligne Martial Descoutures, chez Oddo BHF. Ce qui
pourrait passer par de nouvelles acquisitions.
Après un rebond de 17% depuis les points bas de cet été, le titre
aura en tout cas besoin d'un message clair sur la stratégie de la
part du nouveau directeur général pour poursuivre son
ascension.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: VLV
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November 29, 2019 10:28 ET (15:28 GMT)
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