L'optimisme des acteurs du divertissement ne doit pas leurrer Wall Street - Plus USA
20 Mai 2020 - 10:26AM
Dow Jones News
Dan Gallagher,
The Wall Street Journal
SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Les amateurs de divertissement
semblent impatients de sortir du confinement, à en croire les
niveaux de réservation et les faibles demandes de remboursement
enregistrés par certains acteurs emblématique du secteur. Attention
cependant aux faux espoirs d'un rétablissement rapide.
The Walt Disney Company a rouvert son parc à thème de Shanghai la
semaine dernière après plus de trois mois de fermeture. Le parc n'a
pu fonctionner qu'à 30% de ses capacités. Certains manèges sont
restés fermés et tous les visiteurs ont dû porter des masques.
Malgré ces restrictions, il a affiché complet le premier jour. Le
groupe entame également cette semaine une "réouverture progressive"
de tous les commerces et restaurants du gigantesque complexe de
loisirs de Disney World en Floride.
La plupart des autres entreprises américaines du secteur du
spectacle vivant sont toujours au point mort, mais certaines
d'entre elles voient les signes positifs d'une demande prête à
redémarrer. Les concerts ne sont toujours pas autorisés par les
règles de confinement. Pour autant, les clients de Live Nation, le
plus le plus grand promoteur de concerts au monde, n'ont
visiblement pas renoncé aux événements auxquels ils souhaitaient
assister.
Le groupe, qui possède également le service Ticketmaster, a indiqué
le 7 mai que 90% des détenteurs de billets n'avaient pas demandé le
remboursement auquel ils ont droit, préférant attendre que leurs
spectacles soient reprogrammés. "Je pense que notre taux de
remboursement dit tout", a résumé, Michael Rapino, le directeur
général du groupe.
Vogue la croisière
Même les fans de croisières semblent impatients de repartir. Lors
de la publication des résultats du premier trimestre de Norwegian
Cruise Line Holdings, le directeur général du groupe, Frank Del
Rio, a fait état d'un "nombre important de nouvelles réservations"
et de préventes au cours du mois d'avril. Et ce, en plein milieu
d'une actualité particulièrement difficile. Des passagers de deux
des navires de la compagnie qui naviguaient en mars ont d'ailleurs
par la suite été testés positifs au Covid-19.
De son côté, la compagnie rivale Carnival a déclaré que moins de
38% des clients dont les croisières ont été annulées avaient
demandé un remboursement et que les tendances des réservations pour
le premier semestre 2021 étaient à leurs niveaux habituels. Deux
navires "Princess" opérés par le groupe s'étaient pourtant
retrouvés sous les feux de l'actualité en raison d'un grand nombre
de malades dès le début de la pandémie. Le Congrès américain a
ouvert une enquête sur la façon dont le groupe a géré la crise à
bord de ses navires. Sa réponse à la pandémie fait également
l'objet d'une enquête de la police australienne.
Le grand public reste frileux
Les indications fournies par les acteurs du divertissement montrent
que, pour tous les types de sortie, les fans sont toujours au
rendez-vous et attendent avec impatience la réouverture. Le
président de Disney, Bob Iger, s'est voulu confiant lors de la
présentation des résultats du groupe au deuxième trimestre ce
mois-ci : "Nous pensons que les gens reprendront une leurs
activités habituelles lorsque la crise sera terminée", a-t-il
déclaré. Le chanteur des Foo Fighters, Dave Grohl, l'a également
exprimé de façon plus lyrique dans un essai pour la revue The
Atlantic : "Je ne sais pas à quel moment il sera sans danger de
chanter à pleins poumons, bras-dessus bras-dessous, le cœur
battant, nos corps en mouvement et nos âmes éclatant de vie. Mais
je sais que nous vivrons à nouveau cela, car nous devons le
faire."
Les investisseurs, eux, doivent réfléchir différemment des fans, et
se méfier des prévisions annonçant une reprise en "V" des activités
les plus affectées par les effets de la pandémie. Lorsqu'ils
rouvriront, les parcs d'attraction, les salles de concert et les
croisières devront réduire leur capacité d'accueil. Cette baisse du
nombre de places associée au retour des fans pourraient créer une
illusion de forte demande.
Mais le grand public reste frileux. Seuls 40% d'Américains compte à
nouveau se rendre à des événements sportifs, culturels ou dans des
parcs d'attraction avant qu'un vaccin contre le virus soit
disponible, selon un sondage réalisé par Reuters auprès de 4.000
personnes publié le mois dernier.
Et le problème ne vient pas que de la demande. Toutes les
entreprises qui doivent accueillir un large public se trouvent
confrontées à de nouveaux coûts. McDonald's a récemment envoyé à
ses franchisés un guide de réouverture de 59 pages, avec une série
de préconisations comme la suppression des distributeurs de sodas
et le nettoyage des toilettes toutes les demi-heures. Lors de la
réouverture du parc Disneyland de Shanghai, le personnel était dans
certaines zones plus nombreux que le nombre de visiteurs. Le
président de Norwegian Cruise Line, Frank Del Rio, a quant à lui
promis de faire "tout ce qu'il est humainement possible, avec
l'aide de la technologie" afin de sécuriser ses croisières.
Il est trop tôt pour dire si les entreprises du divertissement
relèveront le défi. Les croisières, les concerts et les parcs
d'attractions ne peuvent pas compter uniquement sur leur noyau de
fans, mais doivent convaincre un public plus large pour survivre.
Cela risque de prendre du temps. L'horizon pour les investisseurs
dans ce secteur ne se dégagera véritablement que lorsque la
recherche médicale permettra d'apaiser les craintes du plus grand
nombre.
-Dan Gallagher, The Wall Street Journal
(Version française François Berthon et François Schott) ed: ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
May 20, 2020 04:06 ET (08:06 GMT)
Copyright (c) 2020 L'AGEFI SA
McDonalds (NYSE:MCD)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2024 à Mai 2024
McDonalds (NYSE:MCD)
Graphique Historique de l'Action
De Mai 2023 à Mai 2024