James Mackintosh,



The Wall Street Journal





NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--L'un des grands mystères financiers de la décennie écoulée est de savoir pourquoi les entreprises américaines n'ont pas profité de la faiblesse des taux d'intérêt pour investir davantage.



Les explications avancées sont nombreuses mais la plupart sont fausses : l'investissement serait resté faible parce que les entreprises privilégient les rachats d'actions, parce que les actionnaires sont court-termistes, parce que les PDG sont cupides.



Il existe pourtant une alternative : la faible croissance économique limite l'intérêt de construire de nouvelles usines, et les technologies innovantes où les investisseurs veulent placer leur argent ne nécessitent pas d'investissements élevés.



Il suffit d'observer quelles sont les entreprises plébiscitées en Bourse pour comprendre que l'abondance de financements ait du mal à irriguer l'économie réelle. Les actionnaires ont eu raison de s'enthousiasmer pour les nouvelles technologies tout en se montrant inquiets pour la croissance économique, qui est tombée en moyenne à son niveau le plus faible en plus d'un demi-siècle.



Limiter le risque et augmenter le rendement



Les entreprises qui dépendent de la croissance des pays développés offrent des perspectives modestes et ont été privées de capitaux, tandis que l'argent affluait vers les nouvelles technologies. Des sommes importantes ont été affectées à des postes qui ne sont pas comptés comme des investissements, tels que les programmeurs, le développement de l'image de marque et la fidélisation des clients.



Les meilleures performances boursières ont été signées soit par les entreprises défensives, capables de s'adapter à un contexte morose, soit par celles qui jouissent d'une croissance rapide, comme les FANG - Facebook, Amazon, Netflix et Google, devenu Alphabet. Ces deux types d'entreprises ont facilement accès au capital, mais les actionnaires n'encouragent que les deuxièmes à dépenser, et les nouvelles technologies ont généralement besoin de moins de capitaux.



Les investisseurs achètent les actions des sociétés défensives, comme Nestlé, PepsiCo ou Procter & Gamble, pour minimiser le risque, en se disant qu'elles ne dilapideront pas leurs ressources en projets audacieux et incertains. Cette logique de prudence est souvent associée à un endettement qui sert à financer des rachats d'actions ou des dividendes exceptionnels. C'est le modèle suivi par le capital-investissement.



Cette stratégie peut aller trop loin, comme Warren Buffett l'a découvert avec Kraft Heinz, qui s'est endetté tout en dépensant trop peu pour soutenir ses marques. Mais en général, les entreprises sûres et ennuyeuses n'ont pas de possibilités d'expansion mirifiques qui justifient des emprunts importants.



Pétrole de schiste, bitcoin et appartements de luxe



Les valeurs de croissance présentent le profil inverse. Les projets d'investissement sont nombreux, mais ces entreprises sont mieux financées par des capitaux propres que par de la dette, même si la faiblesse des taux a conduit ces dernières années certaines entreprises de croissance comme Netflix à s'endetter.



L'abondance de liquidités a également servi à financer de nombreux projets dans le pétrole de schiste, les énergies alternatives, l'impression 3D, les appartements de luxe londoniens, les métaux de terres rares et le bitcoin, occasionnant un certain nombre de déconvenues face au retournement de ces marchés.



La situation actuelle ne se caractérise pas par la réticence des investisseurs à financer des projets, mais par un manque d'opportunités justifiant la construction d'usines et d'autres infrastructures.



Globalement, l'investissement des entreprises américaines n'est pas particulièrement faible. Il se situe proportionnellement à un niveau comparable à celui de 1987, 1997 et 2007. A 13% du PIB au troisième trimestre, l'investissement privé non résidentiel reste toutefois inférieur au pic observé au cours des derniers cycles.



Mais compte tenu d'une croissance plus faible qu'au cours des cycles précédents, il n'est pas surprenant que les investissements ne décollent pas.



-James Mackintosh, The Wall Street Journal



(Version française Thomas Varela) ed: VLV



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November 29, 2019 06:42 ET (11:42 GMT)




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