L'abondance de liquidités peine à relancer l'investissement des entreprises - Plus USA
29 Novembre 2019 - 1:02PM
Dow Jones News
James Mackintosh,
The Wall Street Journal
NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--L'un des grands mystères financiers de
la décennie écoulée est de savoir pourquoi les entreprises
américaines n'ont pas profité de la faiblesse des taux d'intérêt
pour investir davantage.
Les explications avancées sont nombreuses mais la plupart sont
fausses : l'investissement serait resté faible parce que les
entreprises privilégient les rachats d'actions, parce que les
actionnaires sont court-termistes, parce que les PDG sont
cupides.
Il existe pourtant une alternative : la faible croissance
économique limite l'intérêt de construire de nouvelles usines, et
les technologies innovantes où les investisseurs veulent placer
leur argent ne nécessitent pas d'investissements élevés.
Il suffit d'observer quelles sont les entreprises plébiscitées en
Bourse pour comprendre que l'abondance de financements ait du mal à
irriguer l'économie réelle. Les actionnaires ont eu raison de
s'enthousiasmer pour les nouvelles technologies tout en se montrant
inquiets pour la croissance économique, qui est tombée en moyenne à
son niveau le plus faible en plus d'un demi-siècle.
Limiter le risque et augmenter le rendement
Les entreprises qui dépendent de la croissance des pays développés
offrent des perspectives modestes et ont été privées de capitaux,
tandis que l'argent affluait vers les nouvelles technologies. Des
sommes importantes ont été affectées à des postes qui ne sont pas
comptés comme des investissements, tels que les programmeurs, le
développement de l'image de marque et la fidélisation des
clients.
Les meilleures performances boursières ont été signées soit par les
entreprises défensives, capables de s'adapter à un contexte morose,
soit par celles qui jouissent d'une croissance rapide, comme les
FANG - Facebook, Amazon, Netflix et Google, devenu Alphabet. Ces
deux types d'entreprises ont facilement accès au capital, mais les
actionnaires n'encouragent que les deuxièmes à dépenser, et les
nouvelles technologies ont généralement besoin de moins de
capitaux.
Les investisseurs achètent les actions des sociétés défensives,
comme Nestlé, PepsiCo ou Procter & Gamble, pour minimiser le
risque, en se disant qu'elles ne dilapideront pas leurs ressources
en projets audacieux et incertains. Cette logique de prudence est
souvent associée à un endettement qui sert à financer des rachats
d'actions ou des dividendes exceptionnels. C'est le modèle suivi
par le capital-investissement.
Cette stratégie peut aller trop loin, comme Warren Buffett l'a
découvert avec Kraft Heinz, qui s'est endetté tout en dépensant
trop peu pour soutenir ses marques. Mais en général, les
entreprises sûres et ennuyeuses n'ont pas de possibilités
d'expansion mirifiques qui justifient des emprunts importants.
Pétrole de schiste, bitcoin et appartements de luxe
Les valeurs de croissance présentent le profil inverse. Les projets
d'investissement sont nombreux, mais ces entreprises sont mieux
financées par des capitaux propres que par de la dette, même si la
faiblesse des taux a conduit ces dernières années certaines
entreprises de croissance comme Netflix à s'endetter.
L'abondance de liquidités a également servi à financer de nombreux
projets dans le pétrole de schiste, les énergies alternatives,
l'impression 3D, les appartements de luxe londoniens, les métaux de
terres rares et le bitcoin, occasionnant un certain nombre de
déconvenues face au retournement de ces marchés.
La situation actuelle ne se caractérise pas par la réticence des
investisseurs à financer des projets, mais par un manque
d'opportunités justifiant la construction d'usines et d'autres
infrastructures.
Globalement, l'investissement des entreprises américaines n'est pas
particulièrement faible. Il se situe proportionnellement à un
niveau comparable à celui de 1987, 1997 et 2007. A 13% du PIB au
troisième trimestre, l'investissement privé non résidentiel reste
toutefois inférieur au pic observé au cours des derniers
cycles.
Mais compte tenu d'une croissance plus faible qu'au cours des
cycles précédents, il n'est pas surprenant que les investissements
ne décollent pas.
-James Mackintosh, The Wall Street Journal
(Version française Thomas Varela) ed: VLV
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
November 29, 2019 06:42 ET (11:42 GMT)
Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA
Procter and Gamble (NYSE:PG)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2024 à Mai 2024
Procter and Gamble (NYSE:PG)
Graphique Historique de l'Action
De Mai 2023 à Mai 2024