Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





Paris (Agefi-Dow Jones)--Edenred a jusqu'ici bravé la tempête sans rompre. Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail a annoncé mardi une réduction de 20% de son dividende au titre de 2019 et des baisses de la rémunération de ses dirigeants, afin de financer un fonds de soutien à ses collaborateurs les plus vulnérables et aux restaurateurs. Depuis le début de l'année, son action recule de 19%, contre 27% pour l'indice SBF 120. Avec la crise sanitaire, la résistance du groupe se trouve toutefois mise à l'épreuve.



A la fin du premier trimestre 2020, l'entreprise n'avait pas encore constaté d'impact significatif sur ses activités, en dehors d'évolutions négatives des prix du pétrole et des taux de change, explique-t-elle dans son document d'enregistrement universel 2019, publié fin mars. Les mesures de confinement décidées par les gouvernements auront toutefois bien des répercussions, impossibles à évaluer actuellement. Faute de visibilité, Edenred a suspendu il ya deux semaines ses objectifs pour 2020.



Le télétravail comme amortisseur



La plus importante ligne de métier d'Edenred reste les Avantages aux salariés, c'est-à-dire l'émission des titres-restaurant ou de chèques cadeaux, qui représentent 62% des revenus. Le télétravail devrait amortir le choc sur les volumes dans cette activité. Oddo BHF rappelle que "tout salarié qui travaille", à domicile comme au bureau, continue "de collecter des titres de services auprès de son employeur". L'intermédiaire financier estime que les mesures de confinement devraient avoir un "impact relativement limité". Un constat partagé par Morgan Stanley, qui anticipe une importante utilisation des titres-restaurant pour payer les livraisons de repas à domicile et les courses dans les supermarchés.



Edenred sera néanmoins pénalisé à court terme par le chômage partiel, les salariés ne touchant alors pas de tickets. Barclays prévient qu'un impact "significatif" sur les volumes d'émissions pourrait s'observer au deuxième trimestre si les entreprises clientes du groupe y avaient largement recours. En France, pays qui représente 17% des revenus d'Edenred, 5 millions de personnes ont été mises au chômage partiel, selon la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.



Dans les Solutions de mobilité professionnelles, qui regroupent notamment les cartes carburant et comptent pour 26% du chiffre d'affaires, Edenred devrait connaître une baisse des volumes d'affaires due à la contraction de l'activité économique. La chute des prix du pétrole devrait aussi peser, les commissions des cartes-essence dépendant en partie des tarifs du carburant. Edenred estime que 12% de ses revenus totaux sont directement liés aux variations des cours de l'or noir. Toutefois, cette ligne de métier pourrait aussi faire preuve de résistance. "Les grands transporteurs, qui sont les principaux clients d'Edenred continuent de rouler, le trafic de marchandises n'étant pas concerné par les fermetures de frontières", souligne Bruno de la Rochebrochard, analyste chez Bryan Garnier.



A ces risques sur l'activité s'ajoute un risque de change. Le réal brésilien chute de plus de 20% face à l'euro depuis le début de l'année, alors que le Brésil représente environ 30% du résultat opérationnel, selon Mainfirst. Ce mouvement, antérieur au développement de la crise en Europe, a toutefois déjà pu être intégré par le marché.



La reprise en question



Au-delà du court terme, l'évolution du chômage dans les prochains trimestres constitue l'inconnue la plus importante pour Edenred, dont l'activité reste liée au niveau de l'emploi salarié. Pour Morgan Stanley, le taux de chômage sera l'indicateur le plus important à surveiller pour le marché. "Tout dépendra de la capacité des différents pays à relancer l'activité", conclut un analyste.



La robustesse d'Edenred fait consensus. "Le modèle d'activité d'Edenred fait preuve de résilience et pourrait permettre au groupe de repartir assez vite une fois que la reprise s'annoncera", estime Bruno de La Rochebrochard, de Bryan Garnier. "Le groupe génère du cash, a un besoin en fonds de roulement négatif et aucun problème d'endettement", ajoute-t-il. "Nous restons fondamentalement positifs et confiants sur la résilience et la dynamique de croissance d'Edenred", écrivent de leur côté les analystes d'Oddo BHF.



Mais comme le relève Barclays, "même les noms les plus résistants n'échappent pas à l'impact économique du coronavirus". Berenberg prévenait fin mars que le marché sous-estimait les risques macroéconomiques pesant sur l'ensemble des métiers du groupe.



"Les solutions d'Edenred répondent à des besoins essentiels pour les entreprises : l'alimentation, la mobilité professionnelle, les paiements interentreprises. Ce positionnement, non seulement nous rend plus résilients au coeur de la crise, mais il devrait nous permettre de bénéficier rapidement de la reprise quand celle-ci surviendra", souligne de son côté une porte-parole du groupe.



Edenred présente des atouts défensifs et un modèle attrayant. Malgré la multiplication des vents contraires, les analystes de Mainfirst continuent de "voir de grandes opportunités de croissance structurelle" pour l'entreprise. Les actionnaires ne doivent néanmoins pas sous-estimer les risques liés à la crise. Dans cette optique, la pandémie constitue un test inédit pour un groupe qui n'était pas indépendant en 2008-2009, la scission avec Accor datant de 2010. Pour conserver le bon ticket en Bourse, Edenred devra démontrer l'étendue de sa résistance puis sa capacité à rebondir quand la reprise viendra.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV



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(END) Dow Jones Newswires



April 07, 2020 08:46 ET (12:46 GMT)




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