Vivendi et Elliott sont condamnés à s'entendre pour redresser Telecom Italia -DJ Plus
28 Mars 2019 - 4:27PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'heure de vérité approche pour Vivendi
dans le dossier Telecom Italia (TIM). Les actionnaires de
l'opérateur transalpin sont convoqués ce vendredi pour statuer sur
la demande du groupe français visant à remplacer cinq
administrateurs, dont le président Fulvio Conti, en raison de
"graves irrégularités dans la gouvernance de la société".
Cette assemblée générale est surtout l'occasion pour les
actionnaires de mettre un terme à la dispute entre Vivendi et
Elliott Management, le fonds activiste entré voilà un peu plus d'un
an au capital de l'opérateur et qui avait réussi à renverser le
précédent conseil d'administration dominé par Vivendi.
Les tensions entre les deux actionnaires se sont aggravées avec le
limogeage du directeur général de Telecom Italia, Amos Genish, en
novembre. Elles ont tourné au vinaigre ces dernières semaines avec
des échanges de communiqués mettant en cause Vincent Bolloré,
principal actionnaire de Vivendi, et Paul Singer, le fondateur
d'Elliott Management, dans la conduite de leurs affaires.
"Conseil d'administration parallèle"
Vivendi reproche à Fulvio Conti d'avoir organisé, avec d'autres
administrateurs choisis par Elliott, "un conseil d'administration
parallèle" et d'avoir divulgué des informations privilégiées à des
tiers. Un rapport d'audit publié au début mars a confirmé un
certain nombre d'entorses dans l'organisation des travaux du
conseil, notamment la tenue de réunions parallèles en présence d'un
cabinet d'avocats qui conseille par ailleurs Elliott dans ses
affaires.
Ces accusations n'ont guère ému les autres actionnaires du groupe
italien. L'Asati, la principale association d'actionnaires
minoritaires de Telecom Italia, maintient son soutien à Elliott
Management et recommande à ses membres de voter contre les
propositions de Vivendi. Les principaux cabinets de conseil aux
actionnaires se sont également prononcés contre un nouveau
chamboule-tout à la tête de l'opérateur.
Au-delà des questions de gouvernance, l'enjeu est également
stratégique pour Vivendi. Le nouveau directeur général de Telecom
Italia, Luigi Gubitosi, a présenté en février un plan destiné à
redresser le groupe, qui a été plutôt bien accueilli par les
marchés financiers. Il prévoit un partenariat stratégique avec
Vodafone dans le mobile et ouvre la voie à un rapprochement du
réseau fixe de Telecom Italia avec celui d'Open Fiber, la filiale
du groupe italien Enel.
Ce rapprochement des réseaux fixes de deux opérateurs italiens
permettrait d'économiser des milliards d'euros en coûts de
déploiement. Dans le contexte d'une société lourdement endettée
comme Telecom Italia, il apparaît salutaire. Cependant, il
éloignerait Vivendi de son rêve de créer un "netflix" latin,
présent à la fois dans les contenus et les réseaux. Il serait en
effet plus difficile au groupe dirigé par Yannick Bolloré d'imposer
les offres de télévision payante de Canal+ à un réseau qu'il ne
contrôle plus.
TIM en proie aux pertes
Même s'il peut s'estimer lésé par l'influence prise par Elliott
Management depuis son irruption au capital de l'opérateur italien,
Vivendi n'a pas intérêt à prolonger une bataille d'actionnaires
destructrice de valeur. Le titre Telecom Italia a perdu 30% sur les
douze derniers mois. Cette baisse est au moins autant liée à la
perte de 1,4 milliard d'euros subie par le groupe en 2018 - dont
2,6 milliards d'euros de dépréciations d'actifs - qu'aux
turbulences au sein de ses instances dirigeantes. "C'est un peu
comme voir ses parents continuer à se disputer pendant que la
maison brûle", souligne un analyste à Milan.
Ces dépréciations ont également fait chuter le bénéfice net de
Vivendi, à 127 millions d'euros en 2018 contre 1,2 milliard en
2017. La participation de 23,9% détenue par le groupe français dans
Telecom Italia, pour laquelle Vivendi dit avoir déboursé 4
milliards d'euros, n'en vaut plus que 2,5 milliards aux cours
actuels.
Une trêve semble donc plus que souhaitable, pour les actionnaires
de Telecom Italia comme pour ceux de Vivendi.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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