Airbus programme le départ du tandem de direction Enders/Brégier (sources proches)
14 Décembre 2017 - 10:13PM
Dow Jones News
Le conseil d'administration d'Airbus, qui tenait une réunion
cruciale jeudi, a entériné le départ prochain de Fabrice Brégier,
numéro deux du groupe, et le non renouvellement du mandat du
président exécutif Tom Enders en 2019, a-t-on appris de sources
proches du dossier.
Interrogé par l'AFP, le groupe aéronautique a refusé de confirmer
ces informations, révélées par Latribune.fr et confirmées à l'AFP
par deux sources proches du dossier.
Un porte-parole a confirmé en revanche la fin du conseil
d'administration du groupe. Une communication devrait intervenir
d'ici à l'ouverture des marchés vendredi matin.
Selon Latribune.fr, Fabrice Brégier va partir en février et sera
remplacé par Guillaume Faury, qui préside Airbus Helicopters.
Mardi, plusieurs articles de presse ont évoqué le départ de
l'Allemand Tom Enders et de son numéro deux français Fabrice
Brégier, ce qui a alimenté l'inquiétude en interne quant à une
possible déstabilisation du groupe visé par des enquêtes
judiciaires.
Airbus est sous le coup d'investigations du Parquet national
financier (PNF) en France et du Serious fraud office (SFO) en
Grande-Bretagne pour des irrégularités sur des transactions, pour
des faits qu'il avait lui-même dénoncés en 2016.
Il est aussi la cible de deux autres enquêtes en Autriche et en
Allemagne autour de la vente d'avions de combat Eurofighter à
Vienne. En Autriche, Tom Enders figure parmi les personnes visées
par l'enquête, mais de l'aveu du parquet général de Munich, la
justice allemande dispose "de peu de preuves de corruption".
Le patron d'Airbus avait assuré mardi que son "mandat actuel court
jusqu'en avril 2019 et c'est le calendrier sur lequel (il)
travaille". Il réagissait à un article du Figaro qui, sans dévoiler
la nature de sa source, assurait qu'il aurait "informé l'Élysée
très récemment qu'il ne briguerait pas un troisième mandat."
Tom Enders, qui a toujours voulu tenir les Etats à l'écart des
affaires du groupe, a affirmé que "la décision sur (son) avenir en
tant que président exécutif d'Airbus n'est prise ni par la presse
française ou le gouvernement français, ni par aucun gouvernement"
mais par le conseil d'administration ou lui-même.
- Berlin et Paris en alerte -
L'affaire est suivie de près par Paris et Berlin, actionnaires du
groupe à hauteur de 22%. Les deux partenaires ne sont pas
directement représentées à son conseil d'administration, mais rien
ne peut se faire sans leur aval.
Berlin a estimé mardi que tout éventuel changement à la tête
d'Airbus relevait d'"une décision du conseil d'administration et de
la société".
A Paris, une source gouvernementale a indiqué à l'AFP avant ce
conseil d'administration que l'Etat restait vigilant sur les
"dossiers industriels". "On ne va pas mettre tout sur la place
publique, on va attendre la fin de l'instruction, mais
effectivement il y a un sujet", a-t-elle fait valoir.
Airbus est un géant qui emploie 134.000 personnes et représente un
gros contributeur net au commerce extérieur des deux pays.
En interne, on s'inquiète que ces enquêtes et une éventuelle guerre
de succession au sommet ne déstabilise le groupe.
"Que l'on change de PDG, c'est une chose. Nous ce que l'on souhaite
c'est que l'entreprise ne soit pas déstabilisée", déclarait à l'AFP
Jean-Marc Escourrou, secrétaire FO Airbus SAS, la branche aviation
commerciale, à Toulouse, avant la réunion du conseil jeudi.
"Avoir un départ simultané de Tom Enders et de Fabrice Brégier,
c'est une situation qui nous inquiète et qui est de nature à
déstabiliser la gouvernance du groupe", a renchéri Thierry Préfol,
coordinateur adjoint CFE-CGC chez Airbus.
Les enquêtes judiciaires en cours "perturbent les cadres
commerciaux" et il "faudrait que tout ça se clarifie rapidement",
ajoute t-il.
En octobre, le conseil d'administration présidé par Denis Ranque
avait apporté "toute (sa) confiance" à Tom Enders pour sortir par
le haut le constructeur aéronautique de la crise.
Une bonne nouvelle est venue éclaircir l'horizon agité du groupe
européen ce jeudi avec l'annonce par Delta Air Lines d'une commande
ferme de 100 avions moyens-courriers A321neo pour 12,7 milliards de
dollars au prix catalogue, un gros camouflet pour son concurrent
Boeing.
(END) Dow Jones Newswires
December 14, 2017 15:53 ET (20:53 GMT)
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