Dimitri Delmond,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs s'impatientent, souhaitant une accélération du processus de désendettement de Casino. Depuis la publication de ses résultats du premier trimestre, le 6 mai dernier, le distributeur a perdu 9,3% en Bourse, pendant que le titre de son rival Carrefour a progressé de 3,2%. Cet écart de performance boursière de 12,5 points de pourcentage entre les deux groupes, en défaveur du propriétaire de Monoprix, ne doit rien au hasard.



Les investisseurs constatent que les performances opérationnelles de Casino en France ne lui permettent toujours pas de générer de la trésorerie de manière organique sur son principal marché et donc de se désendetter sans recourir à des ventes d'actifs. Même si les dirigeants du distributeur affirment régulièrement le contraire.



Au cours de la période de douze mois arrêtée au 31 mars dernier, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de Casino a atteint 978 millions d'euros en France, en amélioration de 3,3% ou de 32 millions d'euros. Mais ce maigre surplus d'Ebitda ne peut expliquer à lui seul la diminution de 467 millions d'euros de la dette nette observée dans l'Hexagone au cours de la même période, à 4,98 milliards d'euros. "Le désendettement du groupe en France provient uniquement des cessions d'actifs", remarque un analyste basé à Paris.



Sans tenir compte des cessions réalisées par Casino sur la période, le flux de trésorerie disponible de ses activités françaises a été négatif d'environ 500 millions d'euros entre fin mars 2020 et fin mars 2021, estime Barclays. Calculé après intérêts financiers payés et les ventes d'actifs ou de participations non stratégiques, le flux de trésorerie disponible du groupe est "négatif tous les ans en France", appuie Octo Finances.



Les actifs éligibles à une cession se font rares



Ces ventes d'actifs les plus récentes s'inscrivent dans le cadre du plan établi mi-2018 par Casino, visant à réaliser pour 4,5 milliards d'euros de cessions. Initialement fixée au premier trimestre de 2021, la date d'échéance de ce plan a été suspendue lors de l'éclosion de la crise sanitaire du coronavirus. Au grand dam du marché, le groupe n'a pas communiqué de nouvelle date butoir pour son plan, alors qu'il lui reste toujours pour 1,7 milliard d'euros de cessions à réaliser.



Les investisseurs déplorent d'autant plus le retard accumulé par Casino dans l'exécution de son plan de cession, que l'ouverture d'un plan de sauvegarde pour sa maison mère Rallye en mars 2020 n'a fait que renforcer l'urgence d'accélérer le désendettement du distributeur. En outre, le périmètre des actifs potentiellement à vendre s'est réduit et les conditions pour un désengagement ne sont pas nécessairement réunies actuellement.



"La simplification de la structure en Amérique Latine ouvre, certes, la voie à une vente par morceaux de ces actifs (Assai, GPA et Exito), mais la situation au Brésil et les taux de changes ne sont pas favorables à une vente à court terme", constate Octo Finances. En France, le patrimoine immobilier de Casino fond d'année en année et il ne lui restait plus que pour 1,1 milliard d'euros de murs de magasins à fin 2020, contre 3,5 milliards d'euros à fin 2017, ajoute l'analyste crédit.



La vente d'une autre enseigne en France ne figure pas à l'agenda de Casino car cela risquerait d'affaiblir sa position dans les négociations commerciales avec les fournisseurs et de plomber ses marges, souligne Barclays. Après la cession de Leader Price à Aldi fin novembre 2020, Casino a glissé au sixième rang du palmarès des distributeurs alimentaires en France avec une part de marché de 7,5% selon les données fournies par le cabinet Kantar.



La pression vendeuse s'intensifie



A court terme, Casino envisage donc de se désendetter en monétisant ses filiales Cnova, la maison mère de la plateforme de commerce électronique Cdiscount, et GreenYellow, qui produit de l'énergie renouvelable, par le biais de potentielles levées de fonds propres additionnels. Le groupe compte toutefois conserver le contrôle de ces deux filiales après la réalisation de ces opérations envisagées d'ici la fin de cette année.



Le mois dernier, GreenYellow a confirmé songer à s'introduire en Bourse pour financer ses ambitions de croissance. Cnova a prévenu début juin étudier un placement d'actions nouvelles d'un montant de 300 millions d'euros pour accélérer son développement, ainsi qu'une composante secondaire destinée à augmenter la part de son capital flottant. "Tout semble prêt chez Casino pour le lancement de ces opérations, mais le distributeur tarde à agir au risque de voir la fenêtre de tir se refermer", observe Clément Genelot, analyste chez Bryan, Garnier & Co.



Selon Barclays, les opérations envisagées par GreenYellow et Cnova pourraient rapporter 600 millions d'euros à Casino, si le distributeur acceptait de réduire à 51% sa participation dans le capital de chacune de ces deux filiales. Ce qui représente à peine 35% du montant des cessions restant encore à réaliser dans le cadre du plan lancé à l'été 2018...



Ces multiples déceptions et inconnues testent dangereusement la patience des investisseurs. Selon les données compilées par FactSet, la part des analystes couvrant Casino qui recommandent de vendre l'action a augmenté de 10 points de pourcentage depuis le début de l'année pour atteindre 33%. Et la part du capital du distributeur vendue à découvert par les fonds d'investissement spéculatifs reste élevée, à 5,77%, d'après les données du site internet néerlandais shotsell.nl.



-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH



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June 24, 2021 06:08 ET (10:08 GMT)




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