Plus robustes qu'en 2000, les géants de la Tech sont à risque pour Wall Street -Plus USA
11 Mars 2019 - 10:52AM
Dow Jones News
Justin Lahart,
The Wall Street Journal
NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Entre les géants technologiques de
l'ère des dot.com et ceux d'aujourd'hui, la différence est de
taille : les géants actuels sont de réels poids lourds, et pas
seulement dans l'imagination d'investisseurs surexcités. Ils ne
sont pas sans risque pour autant.
Lorsque la bulle Internet a atteint son apogée le 10 mars 2000, les
valorisations attribuées aux grandes sociétés technologiques en
faisaient des colosses incontournables. Microsoft, Cisco, Intel et
Oracle -- alors surnommés "les quatre cavaliers" (Dell Computer
prenant parfois la place d'Oracle) -- représentaient environ 13,9%
de la capitalisation boursière du S&P 500.
Parmi ces titres stars, seul Microsoft vaut davantage aujourd'hui,
se disputant avec Apple, Amazon et Alphabet, maison mère de Google,
la place de première capitalisation mondiale. Ensemble, les quatre
géants représentent environ 13,5% de la valorisation boursière du
S&P 500.
Les nouvelles stars de la Tech ont en revanche beaucoup plus de
poids économique que les anciennes. Ensemble, les quatre groupes
génèrent un chiffre d'affaires annuel d'environ 750 milliards de
dollars, soit près de 10 fois celui affiché par leurs prédécesseurs
lors de la bulle Internet, et ils représentent 6,4% du chiffre
d'affaires total des sociétés du S&P 500, une proportion plus
de quatre fois supérieure à celle de 2000. Le même constat
s'applique au bénéfice, les géants d'aujourd'hui représentant 11%
des bénéfices totaux du S&P 500, soit plus de deux fois la part
attribuée à leurs prédécesseurs en mars 2000.
La situation est donc bien plus saine que pendant la bulle
technologique, lorsque les valorisations reflétaient des
projections tout à fait irréalistes. Cela ne signifie pas pour
autant que les titans actuels constituent de bonnes cibles
d'investissement à long terme. Le gigantisme ne présente pas que
des avantages.
Des ventes représentant près de 1% du PIB mondial
Pour commencer, le marché n'est pas illimité et avec des ventes
totales atteignant près de 1% du produit intérieur brut (PIB)
mondial, la capacité de Microsoft, Apple, Amazon et Alphabet de
progresser plus vite que l'économie pourrait commencer à effleurer
des contraintes liées à leur dimension. Face à de plus petites
concurrentes, les très grosses entreprises peuvent se heurter à un
défaut d'agilité.
Elles sont également confrontées à des contraintes réglementaires
plus importantes : leurs projets d'acquisitions peuvent être
rejetés pour un motif d'entrave à la concurrence ou leur taille
jugée trop imposante par les régulateurs, qui réclament alors une
scission.
De plus, les investissements dans les grandes entreprises se sont
souvent révélés décevants. Une analyse menée par Rob Arnott et
Lillian Wu pour Research Affiliates a conclu que sur la période de
1951 à 2011, les entreprises américaines affichant les plus fortes
capitalisations boursières de leur secteur et du marché en général
ont eu tendance à faire moins bien que leur secteur ou le marché
dans les années suivantes.
Il arrive évidemment que de grandes entreprises échappent à cette
fatalité pendant de longues périodes. Apple s'est hissé pour la
première fois au rang de première capitalisation boursière
américaine en août 2011, alors qu'il valait environ 340 milliards
de dollars. Le titre a maintenu sa performance et la marque à la
pomme a atteint en septembre 2018 un poids en Bourse de 1.100
milliards de dollars.
Les ventes étant toutefois attendues en baisse au cours de l'année
qui vient, il est possible que la taille du groupe freine
maintenant sa croissance. L'action Apple a reculé de près de 25%
depuis septembre. Amazon, dont la capitalisation flirtait avec les
1.000 milliards de dollars en septembre, a lui aussi accusé un fort
recul de son cours de Bourse.
Même si la concurrence serrée que se livrent les nouveaux géants de
la Tech est divertissante, et compte tenu de la trajectoire suivie
par les anciens géants du marché, les investisseurs auraient
peut-être intérêt à élargir leur horizon. Au sein du S&P 500,
496 entreprises restent en lice.
-Justin Lahart, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV
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March 11, 2019 05:32 ET (09:32 GMT)
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