SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Même les entreprises les plus riches de la Silicon Valley doivent faire attention à leurs dépenses.



Amazon et Alphabet, la maison mère de Google, disposent ensemble de quelque 184 milliards de dollars de trésorerie et investissements de court terme. Parmi les groupes non bancaires de l'indice S&P 500, les deux géants technologiques et leurs rivaux Apple, Microsoft et Meta Platforms affichent les bilans les plus robustes à ce niveau, selon les données de S&P Global Market Intelligence. Par ailleurs, Amazon et Alphabet génèrent à eux deux un flux de trésorerie disponible annuel de près de 95 milliards de dollars.



Malgré ces sommes pour le moins confortables, les deux groupes semblent faire extrêmement attention à leurs dépenses. Google a commencé à licencier des centaines de salariés dans plusieurs divisions, rapportait le Wall Street Journal la semaine dernière. Amazon a lui aussi commencé à couper dans ses effectifs, avec des centaines de postes affectés. Aucun des deux groupes n'a fourni de chiffre exact, mais ces dernières vagues de licenciements sont moins importantes que celles de 2023, lors desquelles Google avait remercié 12.000 salariés et Amazon, plus de 18.000.



Le moment choisi pour ces suppressions de postes peut néanmoins sembler étrange. Amazon et Google sont enfin sortis du marasme post-Covid qui avait affecté leurs ventes en 2023 et ont enregistré de nettes améliorations dans leurs activités stratégiques respectives de commerce électronique et de publicité en ligne. Lors de la publication de ses résultats du quatrième trimestre, Amazon devrait faire état d'une croissance de 11% de son chiffre d'affaires en glissement annuel, contre 9% à la période correspondante de 2022, tandis qu'Alphabet devrait avoir vu le sien grimper de 12% sur la période, contre 1% un an plus tôt, selon le consensus établi par FactSet.



Une course onéreuse à l'IA



Cependant, les géants technologiques comme Google, Amazon, Microsoft et Meta se sont également engagés dans une course dispendieuse pour développer des services d'intelligence artificielle générative. Ces services, qui ont commencé à être proposés en 2023, devront véritablement faire leurs preuves cette année. Ainsi, les grandes entreprises clientes et les consommateurs seront-ils disposés à payer pour bénéficier de capacités similaires à celles de ChatGPT appliquées à des fonctions comme la recherche sur Internet, le traitement de texte, la création d'images et l'exploitation de tableurs ?



Pour la plupart des analystes, la réponse est "oui, mais cela prendra du temps". Le chiffre d'affaires cumulé d'Amazon, Microsoft, Alphabet et Meta devrait croître de 12% en 2024, contre une progression estimée à 11% en 2023, selon les données de FactSet. Dans un rapport publié jeudi, Morgan Stanley cite une récente enquête menée auprès des directeurs informatiques qui montre que ces derniers ne s'attendent pas à ce que leur premier projet d'IA entre en production avant le second semestre 2024, au plus tôt.



La banque conseille en outre aux investisseurs "de s'armer de patience, le temps que les cycles technologiques des entreprises se développent autour de l'IA générative". Karl Keirstead, chez UBS, a de même souligné jeudi "qu'il ressortait clairement de nos conversations qu'un an après le démarrage du cycle médiatique de l'AI, les dépenses réelles des entreprises consacrées à l'AI restent modérées et à l'état embryonnaire".



Le maintien des marges bénéficiaires sera en conséquence primordial cette année - surtout après le plongeon des bénéfices du secteur technologique en 2022. Amazon et Alphabet devraient tous deux améliorer leurs marges d'exploitation annuelles d'au moins 1 point de pourcentage en 2024, et Wall Street s'attend déjà à ce qu'Amazon ait dégagé en 2023 une marge d'exploitation annuelle record de 6%.



Amazon et Alphabet partagent cette année un autre point commun : chacun des deux groupes va passer au grill de la comparaison avec Microsoft. L'étroit partenariat noué par le géant des logiciels avec Open AI, créateur de ChatGPT, et sa décision d'intégrer à marche forcée la technologie d'IA générative à ses produits, lui a donné un avantage médiatique incontestable dans la course à l'IA. Le chiffre d'affaires de Microsoft est attendu en hausse de 14% sur l'année calendaire 2024, à comparer à une croissance de 11% à 12% anticipée pour Alphabet et Amazon.



L'engouement généré par l'IA a également gonflé le cours de Bourse de Microsoft, qui est de nouveau en passe de supplanter Apple en tant qu'entreprise américaine la mieux valorisée. Sa capitalisation boursière est désormais supérieure de plus de 1.000 milliards de dollars à celle de ses deux plus proches concurrents dans l'IA.



Dans ces conditions, Amazon et Google ont tout intérêt à dépenser chaque milliard de dollars le plus judicieusement possible.



-Dan Gallagher, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV



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(END) Dow Jones Newswires



January 16, 2024 06:12 ET (11:12 GMT)




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