La fin des hydrocarbures largement approuvée à l'Assemblée, malgré des failles
10 Octobre 2017 - 10:11PM
Dow Jones News
L'Assemblée a adopté largement mardi, en première lecture, le
projet de loi sur la fin de la recherche et l'exploitation des
hydrocarbures en France d'ici 2040, texte aux lourds enjeux
industriels et environnementaux mais jugé insuffisant par des ONG
et certains groupes politiques.
"La France signe une voie de sortie des énergies fossiles qui sera
irréversible", s'est réjoui dans l'hémicycle le ministre de la
Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, après le vote
(316 voix pour, 69 contre et 47 abstentions).
Le Sénat examinera le texte à partir du 7 novembre, en vue d'une
adoption définitive d'ici à la fin de l'année. Le ministre a
souhaité dans un communiqué que "le Sénat, dans le même esprit de
consensus (...) que l'Assemblée nationale, poursuive ce travail
d'enrichissement".
La majorité et la Nouvelle gauche ont voté pour. Communistes et
Insoumis se sont abstenus, les Constructifs se sont partagés, une
majorité des Républicains a voté contre.
Pour son premier texte au Parlement, l'ancien militant écologiste
s'est livré à un exercice d'équilibriste.
Pour concrétiser la promesse d'Emmanuel Macron de "sortir la France
des énergies fossiles" (pétrole, gaz, charbon...), le projet de loi
prévoit de ne plus délivrer de nouveaux permis d'exploration
d'hydrocarbures, liquides ou gazeux. Les concessions d'exploitation
existantes ne seront pas renouvelées au-delà de 2040.
Chef de file LREM sur ce texte et ex-bras droit du ministre à la
Fondation Hulot, Matthieu Orphelin a vanté "de vraies avancées,
n'en déplaise à certains", et un travail parlementaire ayant
"dépassé les clivages". L'ex-ministre de l'Ecologie Barbara Pompili
(LREM, ex-écologiste) s'est dite sur Twitter "fière d'avoir
participé aux débats pour une autre société".
Le MoDem Bruno Duvergé a salué "un texte historique par sa portée".
"La France sort de l'ambiguïté, on va jusqu'au bout de la logique"
de la transition énergétique, a renchéri le socialiste Christophe
Bouillon.
Pour LR, Julien Aubert a ironisé à propos d'un texte traitant
"0,00018%" de la production mondiale d'hydrocarbures. Seules
815.000 tonnes de pétrole sont produites par an, essentiellement
dans les bassins parisien et aquitain, soit 1% de la consommation
nationale.
"Vous traitez de la production, pas de la consommation. Vous mettez
la charrue avant les boeufs", a-t-il aussi déclaré.
Des voix divergentes se sont fait entendre dans chaque groupe,
comme chez les socialistes, où David Habib (Pyrénées-Atlantiques)
est convaincu qu'"aucun pays au monde ne suivra la France".
- "truffé de trous" -
Dans l'hémicycle la semaine dernière, les députés ont cependant
voté des exceptions, au motif de mieux "sécuriser" juridiquement le
projet de loi. Ainsi la production pourra se poursuivre au-delà de
2040 si l'industriel titulaire d'un permis n'est pas rentré dans
ses frais par rapport aux recherches préalables.
Une autre dérogation a été votée pour permettre la poursuite de
l'exploitation du soufre du bassin de Lacq, sous l'impulsion de
députés des Pyrénées-Atlantiques et au nom de l'emploi.
"Ce projet de loi est truffé de trous", a regretté Loïc Prud'homme
(LFI), concluant son intervention par un appel à "Make Nicolas
Hulot green again", écho à l'appel d'Emmanuel Macron au président
américain Donald Trump, qui a décidé de s'affranchir de l'accord de
Paris sur le climat de 2015.
Globalement, Les Amis de la Terre, Attac France et 350.org jugent
que "l'Assemblée nationale gâche une opportunité unique".
Pour Europe-Ecologie-Les Verts, "la riposte des lobbies pétroliers
a conduit à nombre de reculs". Les industriels se sont conduits "en
représentants de commerce" à tous les niveaux de décision, ont dit
à l'AFP plusieurs parlementaires.
Même si jusqu'à ses plus farouches opposants au Palais Bourbon ont
salué sa capacité d'"écoute", le ministre ne sort pas indemne de
ces débats.
L'ex-titulaire du portefeuille, Ségolène Royal (PS), a tiré
dimanche une "petite sonnette d'alarme" sur plusieurs de ses
dossiers, dont celui des hydrocarbures.
Peu avant le passage du projet de loi, Nicolas Hulot a en effet
prolongé un permis exclusif d'exploration détenu par Total au large
de la Guyane, ce à quoi Ségolène Royal a dit s'être refusée malgré
de "très fortes pressions".
(END) Dow Jones Newswires
October 10, 2017 15:51 ET (19:51 GMT)