L'action Klépierre devrait résister à de nouveaux confinements en 2021 - DJ Plus
14 Janvier 2021 - 2:21PM
Dow Jones News
François Berthon,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--La recrudescence des mesures de
confinement, strict ou partiel, en Europe risque de ne pas faire
les affaires des foncières de commerces, et notamment de Klépierre,
le numéro deux européen des centres commerciaux.
En Bourse, le fort rebond du secteur de la fin de l'année dernière
a fait place à un attentisme prudent. Début novembre, le titre
Klépierre avait regagné près de 100% en à peine plus de deux
semaines après avoir atteint fin octobre des plus bas depuis la
crise financière de 2008-2009. Depuis le début de l'année, l'action
oscille entre 18 et 19 euros, encore loin des 33 euros auxquels
elle évoluait il y a tout juste un an, avant que ne survienne la
crise sanitaire.
De même, la décote sur l'actif net réévalué (ANR), l'indicateur
mesurant la valeur liquidative des foncières, dépasse toujours 50%,
un niveau historique reflétant les craintes de baisse des valeurs
locatives. Or, chaque confinement fragilise davantage les
commerçants et pèse sur le taux de recouvrement des loyers.
Bien placé pour affronter la crise
Deux mois après l'annonce des premiers vaccins contre le Covid-19,
le rythme des campagnes de vaccination est loin de rivaliser avec
l'accélération de la pandémie dans le monde, liée notamment aux
nouveaux variants du virus. En France, premier pays d'implantation
du groupe, un troisième reconfinement n'est pas exclu en cas de
forte hausse de nombre de contaminations, a prévenu le
gouvernement, qui pourrait annoncer ce jeudi une extension du
couvre-feu à 18h00 à de nouveaux départements, voire à l'ensemble
du territoire. De son côté, l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) estime que la vaccination ne permettra pas d'atteindre
l'immunité collective en 2021.
A ce stade, la réouverture complète et pérenne des commerces reste
donc un vœu pieu et les actionnaires de Klépierre devront
probablement attendre plusieurs trimestres avant de retrouver une
visibilité normale sur les loyers.
La situation de Klépierre dans ce contexte se présente mieux
cependant que celle de son concurrent direct,
Unibail-Rodamco-Westfield (URW), dont le niveau élevé d'endettement
et l'exposition aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ont provoqué le
renversement de l'équipe de direction.
"Klépierre nous semble être la foncière de commerce la mieux armée
du moment pour traverser la crise sanitaire actuelle" souligne Oddo
BHF. Le courtier fait valoir la "très bonne résilience" offerte par
l'entreprise avec "un bon compromis en termes de positionnement
géographique, uniquement en Europe continentale, et une exposition
sur les pays nordiques moins touchés à ce stade par la crise
sanitaire".
Au cours des neuf premiers mois de 2020, les revenus locatifs bruts
générés par les centres commerciaux du groupe ont reculé de 7,1%, à
852,9 millions d'euros. Sur la période, 81,7% des loyers ont été
collectés, avec un ratio qui a atteint 90,3% au troisième
trimestre. Mais l'impact du deuxième confinement sur l'activité des
centres commerciaux de Klépierre ne pourra être mesuré que dans les
comptes annuels, dont la publication est prévue le 17 février.
L'endettement reste sous contrôle
D'ores et déjà, Moody's anticipe qu'en 2021, les revenus locatifs
nets - après déduction des charges - devraient être inférieurs de
10% à 15% à ceux de 2019. L'agence de notation n'exclut pas
d'actualiser son hypothèse si de nouvelles mesures de restriction
venaient à réduire durablement la fréquentation et les ventes des
enseignes locataires.
En attendant, la situation bilancielle de Klépierre n'inspire pas
les mêmes inquiétudes que celle d'URW. "Sa rigueur financière et sa
stratégie consistant à avoir une dette nette qui soit stable ou en
baisse lui permettent de bénéficier d'une notation 'A-' [auprès de
Standard & Poor's]", rappelle Oddo BHF.
Le ratio d'endettement ou "loan to value" (LTV) s'établissait à 40%
fin juin, et le ratio d'endettement sur excédent brut
d'exploitation (Ebitda) était de 8,4 fois, contre 11 fois pour
Unibail. Cependant, la probable progression de ces ratios au second
semestre pourrait nécessiter certaines mesures d'ajustement de la
part de Klépierre.
La plus évidente prendrait la forme d'une réduction du ratio de
distribution des dividendes, mais la déception pour les
investisseurs serait toute relative. Un coupon de 1,1 euro au titre
de l'exercice 2020, inférieur de moitié à celui distribué en 2019,
ferait encore ressortir un rendement de 6% au cours actuel.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: VLV
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