Actualisé: Face aux actionnaires, le pilote de Renault défend le renforcement de l'Alliance
12 Juin 2019 - 8:28PM
Dow Jones News
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Moins de six mois après avoir pris la
présidence de Renault, Jean-Dominique Senard était attendu au
tournant mercredi face aux actionnaires du groupe. Fragilisé par
l'échec des discussions avec Fiat Chrysler Automobiles (FCA) sur un
projet de fusion entre égaux et par la détérioration des relations
avec Nissan, l'ex-président de la gérance de Michelin s'est employé
à défendre ses décisions avec le flegme qui a fait sa
réputation.
Devant plus 900 actionnaires du groupe -- un chiffre en hausse de
50% par rapport à la précédente assemblée générale -- Jean
Dominique Senard est revenu sur les récents remous avec Nissan.
Les tensions entre les deux constructeurs automobiles se sont
cristallisées lundi lorsque Nissan a confirmé que son allié
français et premier actionnaire lui avait fait part dans une lettre
de son intention de ne pas approuver la nouvelle gouvernance de
Nissan, lors de son assemblée générale du 25 juin. Le directeur
général de Nissan, Hiroto Saikawa, avait jugé "regrettable" la
position prise par Renault.
Jean-Dominique Senard a justifié l'envoi de cette lettre. Le
président de Renault a indiqué que Nissan prévoyait de ne faire
entrer qu'un seul des deux représentants du groupe au losange dans
l'un des trois comités sur lesquels reposent la future gouvernance
de l'industriel japonais.
"Le moins que l'on puisse dire et souhaiter, c'est que les deux
représentants [de Renault, NDLR] siègent aussi chacun dans un
comité, je ne demande pas plus que cela", a déclaré Jean-Dominique
Senard. Si cette condition était remplie par Nissan, Renault
donnerait son vote à la nouvelle gouvernance du constructeur
japonais, a assuré le président du groupe français.
"Un guerrier plutôt qu'un diplomate"
Jean-Dominique Senard - dont les actionnaires ont approuvé la
nomination à 91% - a minimisé les tensions issues de cet épisode,
affirmant "qu'il n'y avait pas de quoi en faire une nouvelle
histoire". Visiblement agacé par cette affaire, le président de
Renault a regretté que des informations de presse sur ce sujet
l'aient fait passer "pour un guerrier plutôt que pour un
diplomate".
Au-delà de la relation avec Nissan, Jean-Dominique Senard a appelé
à renforcer l'Alliance, qui implique également Mitsubishi. "Il n'y
aura pas de réussite du groupe Renault sans réussite de
l'Alliance", a-t-il insisté en début d'assemblée générale.
Reconnaissant qu'un "climat tendu" avait pu être perçu au sein de
l'Alliance, le président de Renault a affirmé que "rien [n'était]
irréparable" et qu'il fallait ainsi "restaurer" une confiance
"entamée". "La priorité est d'aller vers une Alliance, vivante,
agile et renforcée", a-t-il expliqué.
Des regrets pour le "remarquable" projet avec FCA
Le pilote de Renault n'a pu échapper aux questions sur la fusion
entre égaux avec Fiat Chrysler Automobiles, un projet pour le
moment à l'abandon, le groupe italo-américain ayant retiré sa
proposition la semaine dernière. Un actionnaire a notamment fait
valoir que les mariages entre égaux ne fonctionnaient que rarement
et fait part de sa crainte de voir Renault finir "comme Technip ,
Lafarge voire Essilor".
Jean-Dominique Senard a expliqué qu'une fusion entre Renault et FCA
aurait servi de "contre-exemple" aux échecs des fusions entre
égaux, mettant en avant l'absence de différences culturelles fortes
entre les deux groupes. Le président de Renault a vanté les mérites
qu'auraient eu cette opération, notamment "les synergies
industrielles de première ordre" tout en se disant "désolé" que
Renault n'ait pu voter l'entrée de négociations exclusives avec
Fiat Chrysler. "Que sera l'avenir [d'une potentielle fusion entre
les deux constructeurs] ? je ne sais pas", a admis le président de
Renault.
Le projet de fusion avec FCA "reste dans ma tête un sujet
remarquable et d'exception", a ajouté Jean-Dominique Senard.
Senard n'a pas l'intention de démissionner
Alors que l'échec des discussions avec Fiat Chrysler avait
fragilisé sa position, une source proche du dossier a indiqué
mercredi à l'agence Agefi-Dow Jones que Jean-Dominique Senard
"n'avait pas l'intention de démissionner".
Après le retrait de la proposition de fusion de Fiat Chrysler, la
semaine dernière, Jean-Dominique Senard a envisagé d'abandonner ses
fonctions. Mais le responsable s'est ravisé après avoir reçu des
messages de soutien de la part de membres du conseil
d'administration et du gouvernement, a rapporté le Wall Street
Journal.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
June 12, 2019 14:08 ET (18:08 GMT)
Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA