Actualisé: Iran: Trump reste dans l'accord sur le nucléaire mais lance un ultimatum
12 Janvier 2018 - 9:39PM
Dow Jones News
Les Etats-Unis restent pour l'instant dans l'accord historique
de 2015 sur le nucléaire iranien mais Donald Trump a lancé vendredi
un ultimatum aux Européens afin qu'ils l'aident à le durcir dans
les prochains mois s'ils veulent éviter un retrait pur et simple de
Washington.
Le président américain a confirmé la suspension des sanctions
économiques contre l'Iran levées dans le cadre de cet accord conclu
avec Téhéran et les autres grandes puissances (Chine, Russie,
France, Allemagne et Royaume-Uni). Mais la Maison Blanche a prévenu
qu'il s'agit "de la dernière suspension qu'il va signer".
"C'est la dernière chance", a lancé Donald Trump dans un
communiqué, exigeant un "accord" avec les Européens pour "remédier
aux terribles lacunes" du texte, dont il est un grand pourfendeur
alors que tous les autres signataires le défendent mordicus car il
est censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique.
"En l'absence d'un tel accord" avec les Européens, les Etats-Unis
réimposeront les sanctions liées au nucléaire iranien, a-t-il
prévenu, ce qui signerait la mort immédiate du pacte conclu il y a
deux ans et demi à Vienne. "Et si à tout moment j'estime qu'un tel
accord n'est pas à notre portée, je me retirerai de l'accord" de
2015 "immédiatement", a-t-il menacé.
Concrètement, cela laisse 120 jours, jusqu'à la prochaine échéance
de suspension des sanctions, pour trouver une entente avec les
Européens sur "un accord de suivi" visant à durcir les conditions
du texte initial, a expliqué un haut responsable de
l'administration américaine. Et ce, sans inclure dans le processus
les Iraniens, pourtant signataires de l'accord de Vienne.
Donald Trump, qui juge que le pacte de 2015, conclu par
l'administration de son prédécesseur démocrate Barak Obama, n'est
pas assez sévère avec Téhéran, avait refusé mi-octobre de
"certifier" devant le Congrès américain que le régime iranien en
respectait les termes. Mais jusqu'ici, cette "non-certification"
est restée symbolique et n'a pas entraîné le retour des sanctions
américaines.
- Sanctions sur les droits de l'homme -
S'il a accepté, à contre-coeur, de signer une "dernière" fois leur
suspension, le président a aussi choisi de maintenir la pression
sur le régime iranien en imposant de nouvelles sanctions ciblées
non liées au programme nucléaire.
Le Trésor américain a ainsi sanctionné vendredi 14 personnes ou
entités iraniennes pour des "violations des droits de l'homme" ou
en lien avec le programme balistique controversé de Téhéran.
Ces sanctions visent en premier lieu le chef de l'Autorité
judiciaire Sadegh Amoli Larijani. Selon un autre haut responsable
de l'administration Trump, sa présence sur la liste des personnes
sanctionnées "aura des conséquences politiques sérieuses" car cela
revient à frapper "le sommet du régime", mais les Etats-Unis
assument ce "message fort".
La prison de Rajaee Shahr, où "sont emprisonnés de nombreux
Iraniens qui ont récemment protesté contre leur gouvernement", dans
une vague de manifestations qui ont fait 21 morts, est aussi visée
par les nouvelles sanctions.
Reste à connaître les conséquences des annonces américaines.
Jeudi, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif
avait jugé par avance "inacceptable" tout "acte qui sape l'accord
nucléaire".
Réunis jeudi à Bruxelles, les Européens avaient eux de nouveau fait
bloc pour défendre l'accord de Vienne. Ce pacte "rend le monde plus
sûr et empêche une course à l'armement nucléaire potentielle dans
la région", a martelé la cheffe de la diplomatie européenne
Federica Mogherini.
"Il n'y a pas aujourd'hui d'indication qui pourrait faire douter du
bon respect par la partie iranienne de l'accord puisque l'Agence
internationale pour l'énergie atomique (AIEA) confirme
régulièrement" sa "bonne mise en oeuvre", a fait valoir le ministre
français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Mais les ministres européens ont aussi évoqué les nombreux autres
sujets de contentieux --partagés avec Washington-- contre Téhéran.
Ils ont fait part à Mohammad Javad Zarif de leurs "préoccupations
sur d'autres sujets, comme le développement de missiles
balistiques" par Téhéran, "les tensions dans la région" ou encore
les récentes manifestations, a souligné Federica Mogherini.
Les Européens ont notamment évoqué le soutien iraniens au régime du
président syrien Bachar al-Assad, au Hezbollah libanais et à la
rébellion houthie au Yémen. Une façon de montrer à l'administration
Trump que ses critiques véhémentes sur ces sujets sont entendues de
l'autre côté de l'Atlantique.
L'Allemand Sigmar Gabriel s'est prévalu d'un accord de principe de
la part de Mohammad Javad Zarif pour commencer un "dialogue" sur
"un changement de comportement dans la région". "Ceci n'a rien à
voir avec l'accord sur le nucléaire (...) mais il y a un besoin
urgent de le faire", a-t-il expliqué.
(END) Dow Jones Newswires
January 12, 2018 15:19 ET (20:19 GMT)