Re-Actualisé: Iran: Trump reste dans l'accord sur le nucléaire mais lance un ultimatum
12 Janvier 2018 - 11:17PM
Dow Jones News
Les Etats-Unis restent pour l'instant dans l'accord historique
de 2015 sur le nucléaire iranien mais Donald Trump a lancé vendredi
un ultimatum aux Européens afin qu'ils l'aident à le durcir dans
les prochains mois s'ils veulent éviter un retrait pur et simple de
Washington.
Le président américain a confirmé la suspension des sanctions
économiques contre l'Iran levées dans le cadre de cet accord conclu
avec Téhéran et les autres grandes puissances (Chine, Russie,
France, Allemagne et Royaume-Uni). Mais la Maison Blanche a prévenu
qu'il s'agit "de la dernière suspension".
"C'est la dernière chance", a lancé Donald Trump dans un
communiqué, exigeant un "accord" avec les Européens pour "remédier
aux terribles lacunes" du texte, que tous les autres signataires
défendent mordicus car il est censé empêcher l'Iran de se doter de
l'arme atomique.
"En l'absence d'un tel accord" avec les Européens, les Etats-Unis
réimposeront les sanctions liées au nucléaire iranien, a-t-il
prévenu, ce qui signerait la mort immédiate du pacte conclu il y a
deux ans et demi à Vienne. "Et si à tout moment j'estime qu'un tel
accord n'est pas à notre portée, je me retirerai de l'accord" de
2015 "immédiatement", a-t-il menacé.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a
aussitôt dénoncé "des tentatives désespérées de saboter un accord
multilatéral solide" qui, a-t-il insisté, "ne peut être
renégocié".
Concrètement, l'ultimatum américain laisse 120 jours, jusqu'à la
prochaine échéance de suspension des sanctions, pour trouver une
entente avec les Européens sur "un accord de suivi" visant à durcir
les conditions du texte initial, a expliqué un haut responsable de
l'administration américaine. Et ce, sans inclure dans le processus
les Iraniens, pourtant signataires de l'accord de Vienne.
Parallèlement, Donald Trump a appelé une nouvelle fois le Congrès
américain à adopter une loi durcissant unilatéralement les
exigences à l'égard de l'Iran et permettant à Washington de
rétablir automatiquement les sanctions sur le nucléaire si Téhéran
ne respecte pas ces conditions.
Donald Trump juge que le pacte conclu par l'administration de son
prédécesseur démocrate Barak Obama n'est pas assez sévère et qu'il
a mené la communauté internationale à fermer les yeux sur l'action
"déstabilisatrice" de l'Iran au Moyen-Orient et sur le
développement de missiles balistiques par Téhéran.
"Le régime iranien est le premier Etat soutien du terrorisme au
monde", a-t-il réaffirmé vendredi, l'accusant d'avoir "financé,
armé et entraîné plus de 100.000 militants pour semer la
destruction au Moyen-Orient".
Le président républicain avait donc refusé mi-octobre de
"certifier" devant le Congrès américain que le régime iranien
respectait l'accord sur le nucléaire. Mais jusqu'ici, cette
"non-certification" est restée symbolique et n'a pas entraîné le
retour des sanctions américaines.
- Sanctions sur les droits de l'homme -
S'il a accepté, à contre-coeur, de signer une "dernière" fois leur
suspension, il a aussi choisi de maintenir la pression en imposant
de nouvelles sanctions ciblées non liées au programme nucléaire --
ce que les autorités iraniennes considèrent comme une manière
indirecte de les empêcher de profiter des nombreuses retombées
positives attendues de l'accord de 2015.
Le Trésor américain a ainsi sanctionné vendredi 14 personnes ou
entités iraniennes pour des "violations des droits de l'homme" ou
en lien avec le programme balistique de Téhéran.
Ces mesures visent notamment le chef de l'Autorité judiciaire
Sadegh Amoli Larijani. Selon un haut responsable de
l'administration Trump, cela revient à frapper "le sommet du
régime" et "aura des conséquences politiques sérieuses".
La prison de Rajaee Shahr, où "sont emprisonnés de nombreux
Iraniens qui ont récemment protesté contre leur gouvernement", dans
une vague de manifestations qui ont fait 21 morts, est aussi visée
par les nouvelles sanctions.
Reste à connaître les conséquences des annonces américaines.
Berlin a défendu vendredi "une application complète de l'accord
nucléaire" tout en précisant prudemment vouloir "discuter" avec ses
partenaires européens "de la marche à suivre".
Réunis jeudi à Bruxelles, les Européens avaient de nouveau fait
bloc pour défendre l'accord de Vienne, rappelant que l'Agence
internationale pour l'énergie atomique (AIEA) confirme
régulièrement son respect par Téhéran.
Mais les ministres européens ont aussi évoqué les nombreux autres
sujets de contentieux, comme pour mieux signifier à Washington
qu'ils entendent ses critiques véhémentes. Ils ont fait part à
Mohammad Javad Zarif de leurs "préoccupations" sur les missiles
balistiques, sur les récentes manifestations, ou encore sur le
soutien iranien au régime du président syrien Bachar al-Assad, au
Hezbollah libanais et à la rébellion houthie au Yémen.
Selon un rapport de l'ONU auquel l'AFP a eu accès vendredi, l'Iran
a violé l'embargo sur les armes des Nations unies au Yémen en
laissant les rebelles s'approvisionner en drones et missiles
balistiques tirés vers l'Arabie saoudite.
L'Allemand Sigmar Gabriel s'est prévalu d'un accord de principe de
la part de Mohammad Javad Zarif pour commencer un "dialogue" sur
"un changement de comportement dans la région". "Ceci n'a rien à
voir avec l'accord sur le nucléaire (...) mais il y a un besoin
urgent de le faire", a-t-il expliqué.
(END) Dow Jones Newswires
January 12, 2018 16:57 ET (21:57 GMT)