François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Vivendi accélère sa transformation. Aux investisseurs qui s'interrogeaient sur les prochaines décisions stratégiques du conglomérat contrôlé par Vincent Bolloré après la scission d'Universal Music Group (UMG), le groupe a répondu en annonçant mercredi soir un projet de rachat du groupe de distribution et de médias Lagardère.



Vivendi reprendra dans un premier temps les parts du fonds Amber Capital, afin de monter à 45% du capital et lancera ensuite une offre publique d'achat obligatoire sur le reste des titres.



L'opération est conditionnée aux autorisations de la Commission européenne et du Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui devront déterminer si le rapprochement de deux poids lourds de l'édition (Editis, Hachette) et des médias (Canal+, Europe1, Paris Match) peut être envisagé sans atteinte aux principes de libre concurrence et de pluralisme des médias.



Ces annonces ont été accueillies fraîchement par le marché, le titre Vivendi cédant 0,2% jeudi après-midi.



Des synergies limitées



L'offre potentielle de Vivendi représente une issue favorable pour les actionnaires de Lagardère, avec une prime de 25% sur le cours de clôture du titre mercredi, commentent les analystes de Citi. En revanche, "pour les actionnaires de Vivendi, cela ne semble pas aussi positif, l'acquisition manquant de logique stratégique vraiment convaincante", poursuit la banque américaine.



Compte tenu des probables cessions d'actifs nécessaires pour obtenir le feu vert des autorités de la concurrence, notamment dans l'édition en France, les synergies d'un tel rapprochement semblent limitées, affirme Bryan Garnier.



L'intermédiaire financier note également que la reprise de Lagardère Travel Retail, la filiale de distribution spécialisée dans les gares et aéroports, ajouterait une nouvelle activité potentiellement dilutive pour la marge de Vivendi et qui augmenterait sa décote de holding. "Nous apprécierions une scission des activités de Travel Retail afin d'envisager l'opération sous un jour plus favorable", ajoute Bryan Garnier.



UMG, un actif difficilement remplaçable



En ouvrant le capital d'UMG, Vivendi a certes réussi à révéler la valeur cachée de sa maison de disques, récupérant au passage plus de 9 milliards d'euros. Son bilan assaini lui permet de financer plusieurs acquisitions, outre celle de Lagardère.



Mais l'abandon par le groupe de sa "pépite" UMG et son virage vers les médias et l'édition soulève des interrogations sur ses résultats futurs. En 2020, UMG a généré plus des deux-tiers du bénéfice opérationnel de Vivendi. La maison de disques vise une marge d'exploitation de 25% à moyen terme, là où celles des activités d'édition et de Canal+ se situent aujourd'hui entre 5% et 10%.



S'il parvient à rapprocher Hachette d'Editis, il en tirera certainement des synergies et une position de leader sur un marché relativement décorrélé des cycles économiques qui a fait preuve d'un certain dynamisme pendant la crise sanitaire. Le groupe mise par ailleurs sur des synergies avec ses autres filiales, notamment Canal+, au travers d'adaptations de romans en films ou séries.



Mais il lui sera difficile de compenser la perte de revenus d'UMG. "Alors que de nombreux investisseurs sont prudents sur les actifs restants chez Vivendi, cette opération renforce l'exposition du groupe à des médias matures généralement peu appréciés", indique Oddo BHF à propos du projet d'acquisition de Lagardère.



Une OPA peut en cacher une autre



Vivendi a néanmoins des arguments à faire valoir auprès des investisseurs. La plupart des analystes s'attendent à une baisse du titre après la scission, qui aura lieu la semaine prochaine. Ce pourrait être l'occasion pour le groupe de racheter ses propres actions, voire pour le Groupe Bolloré, qui détient 27% du capital de Vivendi, de lancer une offre publique d'achat.



"Ces deux solutions réduiraient la décote de holding tout en offrant aux investisseurs qui ne partagent pas la vision à long terme de Vivendi la possibilité de vendre en ayant eu un accès sécurisé à UMG à un prix attractif", indique JPMorgan.



Pour Oddo BHF, ces deux options sont "tout à fait possibles" et pourraient intervenir avant le rachat envisagé de Lagardère. Dans cette perspective, les actionnaires de Lagardère, dont le titre bondit de 20% ce jeudi, pourraient être tentés de prendre leurs bénéfices et d'en investir une partie dans Vivendi.



-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



September 16, 2021 10:28 ET (14:28 GMT)




Copyright (c) 2021 L'AGEFI SA
Lagardere (EU:MMB)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2024 à Mai 2024 Plus de graphiques de la Bourse Lagardere
Lagardere (EU:MMB)
Graphique Historique de l'Action
De Mai 2023 à Mai 2024 Plus de graphiques de la Bourse Lagardere