investir.fr |Le 27/05/16 Ã 17:35CROISSANCE INTERNE. Au premier trimestre, le leader
mondial de l’habitat, qui s’est enfin stabilisé, s’est bien comporté en
Europe et même en France. Dans les autres régions, le groupe a aussi
fait preuve de dynamisme.
PIERRE-ANDRÉ DE CHALENDAR, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL | Crédits photo : Patrick Lazic Au premier trimestre de l’exercice 2016, la croissance
interne a marqué une accélération. L’amélioration devrait-elle se
poursuivre ?Le groupe a constaté une amélioration en volumes dans...
investir.fr |Le 27/05/16 Ã 17:35CROISSANCE INTERNE. Au premier trimestre, le leader
mondial de l’habitat, qui s’est enfin stabilisé, s’est bien comporté en
Europe et même en France. Dans les autres régions, le groupe a aussi
fait preuve de dynamisme.
PIERRE-ANDRÉ DE CHALENDAR, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL | Crédits photo : Patrick Lazic Au premier trimestre de l’exercice 2016, la croissance
interne a marqué une accélération. L’amélioration devrait-elle se
poursuivre ?Le groupe a constaté une amélioration en volumes dans un
environnement qui devient déflationniste, ce qui pénalise légèrement nos
prix de vente mais réduit notre facture énergétique et de matières
premières. Saint-Gobain
enregistre des signes favorables sur la plupart de ses marchés
mondiaux. En France, qui représente encore le quart de notre chiffre
d’affaires, nous avons enregistré un recul très limité de 0,2 % alors
qu’il était de 4 % l’an dernier. Notre métier de la canalisation, dont
le cycle est différent de nos autres activités, reste très mal orienté
avec une baisse de 20 %. Sans ce segment, la croissance organique en
France serait de + 2 %. Un deuxième facteur a aussi joué. Alors que tous
les indicateurs avancés sont passés au vert, nous ne constatons pas
encore de reprise dans la réalité de nos comptes. L’allongement des
délais de transmission en est la principale explication. Dans le
logement neuf par exemple, l’obtention d’un permis de construire, puis
la mise en chantier et, enfin, le redémarrage de l’activité demandent de
plus en plus de temps. J’ai donc bon espoir qu’au second semestre, la
stabilisation laisse la place à une reprise, même si je reste prudent.
Dans les autres pays d’Europe occidentale, cette dernière se manifeste
déjà depuis quelques mois. C’est le cas en Allemagne,
où tous nos métiers vont mieux, en Scandinavie, en Espagne et, dans une
moindre mesure, en Italie. Au Royaume-Uni, la situation est correcte.
En Europe de l’Est, la dynamique est favorable aussi, à l’exception de
la Russie, qui a beaucoup moins de poids pour nous que la Pologne ou la République tchèque. Aux Etats-Unis,
l’activité a été soutenue dans le domaine de la construction et s’est
bien tenue dans l’industrie. Il est vrai que dans ce dernier domaine,
nous avons bénéficié d’une comparaison favorable. L’an dernier, nous
avions été pénalisés par la crise de l’industrie pétrolière, cet effet
est derrière nous maintenant. Enfin, dans les pays émergents, Saint-Gobain s’est bien comporté tant en Amérique latine qu’en Asie du Sud-Est. Seul le Brésil reste dans une situation difficile.PUBLICITÉinRead invented by TeadsPour revenir sur le métier de la canalisation, que comptez-vous faire ? Pourriez-vous envisager de céder cette activité ?La cession de la canalisation n’est vraiment pas à l’ordre du jour.
Tous nos métiers subissent des cycles, mais ils sont parfois différents.
Alors que tout allait mal dans la construction en 2009 et 2010, la
canalisation a battu des records. Aujourd’hui, cette activité est en
crise. Au Brésil, la situation est dégradée, mais cela peut vite
repartir. En Europe, ce métier est corrélé aux dépenses des
collectivités locales qui, toutes, rencontrent des difficultés
budgétaires. L’amélioration sera donc lente. Parallèlement, nous avions
eu de grosses commandes ponctuelles l’an dernier en provenance du
Moyen-Orient. Il est peu probable qu’il en soit de même dans les mois Ã
venir. Mais les tendances de fond sont favorables, notamment Ã
l’exportation. Le marché de l’alimentation en eau va rester un enjeu
majeur de la croissance mondiale à long terme. Pour améliorer la
situation à court terme, nous gérons au plus serré afin de réaliser les
économies de coût nécessaires.Au Brésil, que comptez-vous faire dans cette économie en difficulté ?Le poids de ce pays est moindre qu’auparavant pour notre groupe. Il
ne représente plus que 20 % de notre chiffre d’affaires dans les pays
émergents. Le Brésil a d’énormes potentiels et a su nous réserver
plusieurs fois de bonnes surprises dans le passé. Des opportunités
d’acquisition vont se présenter dans les mois à venir et nous serons
prêts à les saisir.Pouvez-vous faire le point sur le dossier du groupe suisse Sika ? Où en êtes-vous ?Nous avons obtenu tous les accords des autorités de la concurrence.
Au niveau fédéral, en Suisse, il a été reconnu que nous n’avions aucune
obligation de lancer une OPA. Désormais, il ne reste qu’un point
important à régler : la justice suisse doit rendre à la famille
fondatrice ses droits de propriété et ses droits de vote, dont l’a privé
l’assemblée générale. Notre position est très solide sur le plan
juridique.Si les choses devaient tourner mal, Saint-Gobain perdrait-il beaucoup d’argent ?Bien sûr que non. Nous avons renégocié notre accord avec la famille
détentrice pour l’étendre jusqu’en juin 2017 avec une faculté de le
prolonger jusqu’à la fin 2018. Dans le scénario très improbable où la
famille n’obtenait pas gain de cause, non seulement Saint-Gobain ne
perdrait par le moindre euro puisque la transaction financière n’aurait
pas lieu, mais le groupe obtiendrait une plus-value avec sa couverture
de change. J’attire votre attention sur le fait que, ces derniers mois,
les résultats de Sika se sont améliorés. Donc, quand nous prendrons le
contrôle, nous prendrons pour le même prix un groupe encore plus fort
qu’il ne l’était au moment de la signature initiale de notre accord avec
la famille.Où souhaitez-vous renforcer les positions du groupe ?Nous souhaitons accélérer notre développement en dehors de l’Europe
occidentale qui représente 65 % de notre chiffre d’affaires global.
Notre ambition est de croître en priorité dans les pays émergents, en
Amérique latine, en Asie du Sud-Est, en Afrique, même si notre présence y
reste modeste, mais aussi aux Etats-Unis dans des domaines
technologiques.Qu’en est-il des investissements industriels ?Nous allons consacrer environ 1,4 milliard d’euros cette année dans
ces investissements. Là aussi, ils vont être concentrés en priorité dans
les pays émergents.Pouvez-vous revenir sur l’opération réalisée par Wendel ?Wendel,
qui était notre premier actionnaire, s’est allégé afin d’obtenir des
disponibilités pour se développer dans le non-coté. Désormais, il est
notre deuxième actionnaire, derrière les salariés, avec 6,5 % du capital
et 11 % des droits de vote. Nous avons racheté une partie de ce qu’il
vendait afin d’annuler ces actions, comme je m’y étais engagé. Cela va
contribuer à augmenter notre bénéfice par action, une bonne chose pour
l’actionnaire de Saint-Gobain.Quelles sont vos priorités de long terme ?Notre stratégie de leader mondial de l’habitat porte ses fruits et
reste inchangée. J’ai fixé des axes majeurs : se positionner le plus
possible sur le segment du confort dans la construction ; tirer profit
de la dynamique de la transition énergétique ; enfin, accompagner la
transformation des habitudes de nos clients qui se tournent très
rapidement vers le numérique. Il s’agit là d’une transformation
importante qui nous permet de dialoguer directement avec nos clients
finaux et qui va permettre à Saint-Gobain d’adopter progressivement des
éléments d’une culture B to C qu’il n’avait pas jusque-là .
Propos recueillis par Jean-Laurent MaurelEn savoir plus sur http://investir.lesechos.fr/actionnaires/interview...
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