Manitou : une dégradation de la conjoncture malvenue
20 Septembre 2011 - 5:04PM
Dow Jones News
La récente dégradation de la conjoncture devrait peser sur le
redressement déjà délicat des comptes du fabricant d'engins de
manutention Manitou BF SA (MTU.FR), qui est confronté à de nombreux
défis sur le plan opérationnel.
Les perspectives du groupe sont obscurcies par la crise des dettes
souveraines en Europe. Manitou y réalise les trois quarts de son
chiffre d'affaires, en majorité auprès de secteurs sensibles aux
variations de la conjoncture comme la construction et l'industrie.
Prudents, les analystes s'attendent d'ailleurs à un ralentissement
de la croissance du groupe à 10% en 2012, après un bond de 30%
cette année grâce aux commandes encore en carnet. En mars, Manitou
semblait pourtant entré dans un nouveau cycle de croissance après
des années de sous-investissement de ses clients. Le groupe avait
alors indiqué tabler sur une croissance de 25% à 30% pendant quatre
à cinq ans. Avec un carnet de commandes qui représente actuellement
entre trois et quatre mois d'activité, la visibilité sur 2012
devrait rester limitée au moins jusqu'au printemps prochain.
Ces incertitudes sur l'activité viennent s'ajouter à des défis
opérationnels.
Manitou reste confronté à de très fortes tensions sur sa chaîne
d'approvisionnement. Le groupe sous-traite l'essentiel de la valeur
de ses engins auprès de près d'un millier de fournisseurs en Europe
et aux Etats-Unis. Ces derniers peinent à assurer la remontée en
puissance de la production pour répondre à la demande, ce qui a
récemment contraint Manitou à mettre ses équipes en chômage
technique une demi ou une journée entière par semaine. Ce qui pèse
sur sa rentabilité. Malgré un chiffre d'affaires qui devrait
presque retrouver cette année le niveau atteint en 2006, Manitou
estime que sa rentabilité opérationnelle devrait plafonner entre 4%
et 5%, contre plus de 10% en 2006.
L'autre grand challenge auquel est confronté Manitou est celui de
l'évolution des normes réglementaires. Le groupe va devoir
s'adapter aux nouvelles normes antipollution EuroIIIB en Europe et
iTierIV aux Etats-Unis qui entreront en vigueur début 2012. Il va
devoir adapter ses appareils à de nouveaux moteurs plus gros et
plus lourds. Cela va entraîner des surcoûts qu'il pourrait avoir du
mal à répercuter auprès de ses clients. Notamment dans la mesure où
ces derniers pourront dans un premier temps continuer d'acheter des
engins aux anciennes normes encore en stock, plutôt que des
nouveaux modèles plus chers. Cela pourrait perturber la production
du groupe, au moins dans un premier temps, c'est-à-dire au premier
trimestre voire au premier semestre 2012.
Au-delà, Manitou doit dès à présent se préparer à une offensive sur
les pays à plus forte croissance, où il réalise moins de 10% de son
chiffre d'affaires. Des marchés où les engins de manutention comme
les chariots élévateurs sont encore peu utilisés. Le groupe a en
tout cas commencé à reconstituer sa marge de manoeuvre financière.
Manitou a divisé par plus de 5 sa dette nette depuis fin 2008. Si
le ralentissement de la reprise dans les pays développés se
confirme, l'expansion dans les pays émergents deviendra une
nécessité.
- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@dowjones.com
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