La récente dégradation de la conjoncture devrait peser sur le redressement déjà délicat des comptes du fabricant d'engins de manutention Manitou BF SA (MTU.FR), qui est confronté à de nombreux défis sur le plan opérationnel.



Les perspectives du groupe sont obscurcies par la crise des dettes souveraines en Europe. Manitou y réalise les trois quarts de son chiffre d'affaires, en majorité auprès de secteurs sensibles aux variations de la conjoncture comme la construction et l'industrie. Prudents, les analystes s'attendent d'ailleurs à un ralentissement de la croissance du groupe à 10% en 2012, après un bond de 30% cette année grâce aux commandes encore en carnet. En mars, Manitou semblait pourtant entré dans un nouveau cycle de croissance après des années de sous-investissement de ses clients. Le groupe avait alors indiqué tabler sur une croissance de 25% à 30% pendant quatre à cinq ans. Avec un carnet de commandes qui représente actuellement entre trois et quatre mois d'activité, la visibilité sur 2012 devrait rester limitée au moins jusqu'au printemps prochain.



Ces incertitudes sur l'activité viennent s'ajouter à des défis opérationnels.



Manitou reste confronté à de très fortes tensions sur sa chaîne d'approvisionnement. Le groupe sous-traite l'essentiel de la valeur de ses engins auprès de près d'un millier de fournisseurs en Europe et aux Etats-Unis. Ces derniers peinent à assurer la remontée en puissance de la production pour répondre à la demande, ce qui a récemment contraint Manitou à mettre ses équipes en chômage technique une demi ou une journée entière par semaine. Ce qui pèse sur sa rentabilité. Malgré un chiffre d'affaires qui devrait presque retrouver cette année le niveau atteint en 2006, Manitou estime que sa rentabilité opérationnelle devrait plafonner entre 4% et 5%, contre plus de 10% en 2006.



L'autre grand challenge auquel est confronté Manitou est celui de l'évolution des normes réglementaires. Le groupe va devoir s'adapter aux nouvelles normes antipollution EuroIIIB en Europe et iTierIV aux Etats-Unis qui entreront en vigueur début 2012. Il va devoir adapter ses appareils à de nouveaux moteurs plus gros et plus lourds. Cela va entraîner des surcoûts qu'il pourrait avoir du mal à répercuter auprès de ses clients. Notamment dans la mesure où ces derniers pourront dans un premier temps continuer d'acheter des engins aux anciennes normes encore en stock, plutôt que des nouveaux modèles plus chers. Cela pourrait perturber la production du groupe, au moins dans un premier temps, c'est-à-dire au premier trimestre voire au premier semestre 2012.



Au-delà, Manitou doit dès à présent se préparer à une offensive sur les pays à plus forte croissance, où il réalise moins de 10% de son chiffre d'affaires. Des marchés où les engins de manutention comme les chariots élévateurs sont encore peu utilisés. Le groupe a en tout cas commencé à reconstituer sa marge de manoeuvre financière. Manitou a divisé par plus de 5 sa dette nette depuis fin 2008. Si le ralentissement de la reprise dans les pays développés se confirme, l'expansion dans les pays émergents deviendra une nécessité.



- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@dowjones.com

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