Vincent Alsuar,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Teleperformance a décidément l'art de prendre le marché à contre-pied. Après sa volte-face du mois dernier sur son offre de modération des contenus en ligne les plus offensants, le gestionnaire de centres d'appels sème de nouveau la confusion en annonçant le rachat de son concurrent luxembourgeois Majorel pour un montant de 3 milliards d'euros.



En Bourse, les investisseurs sont désarçonnés. L'action Teleferformance dévisse de 13,6% à 176,10 euros mercredi après-midi, accusant la plus forte baisse du CAC 40. A l'inverse, l'action Majorel bondit de 38,2% à 28,95 euros sur la place d'Amsterdam.



"Alors que Teleperformance avait adopté une stratégie d'acquisitions ciblées, cette opération d'envergure s'avère inattendue et prend à revers le marché", souligne un analyste parisien. Un étonnement partagé par RBC Capital Markets, qui constate que l'opération obligera de nombreux investisseurs à revoir leur argumentaire d'investissement, ce qui se traduira par "une période de forte volatilité du titre".



Par ailleurs, "les investisseurs se demandent si cette opération n'est pas le signe que le ralentissement de la croissance sera plus important que prévu cette année, forçant ainsi Teleperformance à aller chercher des synergies", observe l'analyste parisien.



Au premier trimestre, la croissance de la société s'est révélée moindre que prévu. Le chiffre d'affaires a atteint 2,01 milliards d'euros, en hausse de 1,9% en données comparables, alors que le consensus tablait sur une progression de 2,6%. La croissance "a été pénalisée par l'accélération des activités offshore et les turbulences du marché suite à l'effondrement de Silicon Valley Bank, qui ont retardé les décisions de clients potentiels clés", explique Deutsche Bank.



Une réaction défensive au rachat de Webhelp ?



S'il est surprenant, le projet de rachat de Majorel n'arrive toutefois pas à un moment anodin. Les grandes manoeuvres sont en effet lancées dans le secteur de la relation client. Le groupe américain Concentrix a annoncé en mars un projet d'acquisition de son concurrent français Webhelp pour 4,8 milliards de dollars, dette comprise. Avec une ambition forte : créer "un leader mondial de l'expérience client" qui devrait réaliser un chiffre d'affaires pro forma de 9,8 milliards de dollars cette année.



Pour rivaliser, Teleperformance a jeté son dévolu sur Majorel, dont le projet de fusion avec le groupe français Sitel avait été abandonné en septembre dernier. "Nous sommes face à un rapprochement entre pairs, donc une acquisition de nature défensive", observe un intermédiaire financier qui, en première approche, ne se dit pas "certain que cette opération soit aussi créatrice de valeur que les opérations externes usuelles du groupe".



Interrogé sur ce point lors d'une conférence avec des analystes, Daniel Julien, le PDG de Teleperformance, a insisté au contraire sur le caractère "très offensif" de la transaction et sur ses "nombreux avantages".



Le rapprochement donnera naissance à un groupe affichant un chiffre d'affaires de 10,9 milliards d'euros sur la base des prévisions 2023. Teleperformance atteindra ainsi avec deux ans d'avance son objectif de réaliser un chiffre d'affaires de 10 milliards d'euros. Avec des synergies de l'ordre de 100 millions à 150 millions d'euros par an à la clef, grâce à des mesures d'efficacité opérationnelle, des effets d'échelle et le développement de nouveaux produits.



L'opération mènera à une accrétion du bénéfice net par action dès la première année, avant synergies, a assuré Teleperformance, qui compte renforcer sa présence en Europe et accélérer sa croissance en Asie-Pacifique et en Afrique, grâce à ce rachat.



Un prix qui ne semble pas déraisonnable



Le tout pour "un prix qui ne semble pas déraisonnable", estime l'analyste parisien. Teleperformance propose 30 euros par action, ce qui représente une prime de 43% par rapport au cours de clôture de Majorel mardi. L'opération, qui valorise Majorel 3 milliards d'euros, sera réalisée en numéraire et en titres, dans la limite de 1 milliard d'euros d'actions Teleperformance.



Le groupe de médias allemand Bertelsmann et la société d'investissement africaine Saham, qui détiennent environ 79% du capital de Majorel, recevront en priorité des actions. A l'issue de l'offre publique d'achat (OPA) de Teleperformance, ils détiendront entre 5,7% et 7,2% du capital.



Teleperformance anticipe un dépôt de son offre aux Pays-Bas dans un délai de trois à quatre mois. Un délai durant lequel le groupe devra convainvre le marché du bien-fondé de cette acquisition XXL.



-Vincent Alsuar, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 39; valsuar@agefi.fr ed: VLV



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April 26, 2023 10:20 ET (14:20 GMT)




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