Actualisé: L'action EDF chute, l'effort demandé à l'électricien lui coûtera cher en 2022
14 Janvier 2022 - 11:39AM
Dow Jones News
(Actualisation: précisions concernant les prolongements d'arrêts de
réacteurs nucléaires, commentaires d'analystes, cours de
Bourse)
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action EDF accuse la plus forte baisse
de l'indice SBF 120 vendredi, alors que les mesures annoncées par
le gouvernement français pour limiter la hausse des prix de
l'électricité pourraient réduire l'excédent brut d'exploitation
(Ebitda) du groupe d'un montant compris entre 7,7 milliards et 8,4
milliards d'euros cette année.
Vers 11h15, l'action EDF plongeait de 16,1%, à 8,69 euros.
Le gouvernement va demander à EDF de vendre davantage d'électricité
nucléaire à bas prix à ses concurrents, afin de tenir sa promesse
de limiter la hausse de la facture d'électricité des Français à 4%
en 2022, malgré la flambée des cours, a prévenu Bruno Le Maire, le
ministre de l'Economie dans un entretien accordé au Parisien,
publié jeudi soir.
Le volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit par EDF à ses
concurrents passerait ainsi "à titre exceptionnel de 100 à 120 TWh
(térawattheures)", a indiqué le ministre, dans le cadre du
dispositif Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire
historique).
Le gouvernement avait promis en octobre dernier de limiter la
hausse des tarifs réglementés du gaz et de l'électricité. Il avait
annoncé que le prix du gaz allait augmenter, comme prévu, de 12,5%
le 1er décembre, mais il n'évoluerait plus ensuite jusqu'à une
chute des cours mondiaux attendue en mars ou avril. Le Premier
ministre, Jean Castex, avait annoncé en outre une limitation à 4%
de la hausse du tarif régulé de l'électricité (TRV) en février et
pour l'ensemble de l'année 2022.
"Cette mesure sans précédent est la dernière décision prise par le
président Emmanuel Macron pour lutter contre l'inflation et gagner
le soutien des électeurs avant l'élection présidentielle d'avril",
commente Mirabaud Equity Research.
La probabilité d'une importante augmentation de capital
augmente
Les conséquences financières de cette décision pour le groupe EDF
ne peuvent pas être déterminées de façon précise à ce stade.
"L'impact final sur l'Ebitda dépendra des prix de marché sur la
période de mise en œuvre de ces mesures", a averti l'électricien
dans un communiqué envoyé jeudi soir. L'hypothèse d'un impact
d'environ 8 milliards d'euros se base sur les prix de marché
observés entre la fin décembre et le 12 janvier.
Dans ce contexte et alors qu'EDF s'est déclaré prêt à prendre les
mesures appropriées pour protéger la structure de son bilan, il est
probable que l'énergéticien lance une importante augmentation de
capital, prévient JPMorgan Cazenove. Les récentes déclarations de
la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, selon
lesquelles le gouvernement "sera aux côtés d'EDF pour l'aider à
surmonter cette difficulté", appuient la thèse d'une prochaine
levée de fonds, ajoute la banque d'affaires américaine.
EDF a d'ores et déjà abandonné son objectif d'afficher un ratio
dette nette sur Ebitda autour de 3 en 2022.
JPMorgan Cazenove estime que l'Ebitda d'EDF pourrait finalement
s'établir entre 7 milliards et 12 milliards d'euros cette année,
alors que les analystes l'attendaient autour de 20 milliards
d'euros avant ces annonces selon les données compilées par FactSet.
Oddo BHF l'attend désormais à 10 milliards d'euros et a décidé
d'abaisser sa recommandation sur la valeur de "surperformance" à
"neutre", tout en réduisant son objectif de cours de 13,50 à 11
euros.
EDF s'est engagé à communiquer de nouveau sur ces sujets "au plus
tard" lors de la publication de ses résultats de l'exercice 2021,
programmée le 18 février prochain. Mais la position du groupe
vis-à-vis du dispositif Arenh est connue de longue date. "Je
compare l'Arenh à un poison qui a directement contribué en dix ans
à faire d'EDF un acteur surendetté, dégradé à cinq reprises par les
agences de notation, qui a cédé pour plus de 10 milliards d'euros
d'actifs et a été recapitalisé à hauteur de 4 milliards d'euros",
déclarait il y un an Jean-Bernard Lévy, le PDG d'EDF, devant la
commission des Affaires économiques du Sénat.
Les prolongements d'arrêts de réacteurs nucléaires inquiètent
également
EDF analyse par ailleurs l'impact financier du prolongement de la
durée d'arrêt de certains de ses réacteurs nucléaires. Dans un
autre communiqué diffusé jeudi soir, le groupe a révisé en baisse
son estimation de production nucléaire pour cette année, désormais
attendue entre 300 et 330 TWh et non plus entre 330 et 360 TWh, en
raison du prolongement de la durée d'arrêt de cinq réacteurs de son
parc nucléaire français.
"Le prolongement des arrêts nucléaires va coûter très cher
également", préviennent les analystes d'Oddo BHF. Pour UBS, ce coût
représente une diminution de valorisation de 2,10 euros par action
EDF, sur la base de rachats d'électricité à 450 euros par
mégawattheure (MWH). "Cet impact pourrait être plus élevé si
davantage de réacteurs sont mis à l'arrêt", avertissent les
analystes de la banque suisse.
Les prolongements d'arrêts sont liés à un problème de corrosion
détecté ou suspecté sur les circuits de refroidissement de secours
des réacteurs. EDF a annoncé jeudi soir que le réacteur numéro 1 de
la centrale de Penly (Seine-Maritime) présentait ce problème de
corrosion. Il s'agit du premier réacteur de la génération de 1.300
MW sur lequel ce défaut a été identifié.
Ce problème avait précédemment été détecté sur des réacteurs de la
famille la plus récente de réacteurs actifs en France, d'une
puissance de 1.500 MW. Sur les quatre exemplaires, les deux
réacteurs de la centrale de Civaux (Vienne) ainsi que le réacteur
numéro 2 de la centrale de Chooz (Ardennes), présentent le défaut,
tandis que les contrôles sur Chooz 1 sont toujours en cours.
-Alice Doré et Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47
31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH - VLV
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