François Berthon,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les dernières semaines ont pu sembler chaotiques aux actionnaires d'Ipsen réunis ce mardi en assemblée générale. La chute de 18,5% observée entre le 23 avril et le 10 mai a été partiellement effacée par un rebond de plus de 11%.



Que la santé soit considérée comme un secteur défensif n'empêche pas les risques, ni la forte croissance. Ipsen connaît les deux. La volatilité importante observée dernièrement sur le cours de Bourse d'Ipsen a été déclenché par la crainte de l'arrivée prochaine d'un générique de son produit phare, la Somatuline, indiquée pour traiter certaines tumeurs neuroendocrines.



Le laboratoire a répondu à cette inquiétude en deux temps. D'abord fin avril, en rappelant qu'aucun lancement commercial d'un générique de son anti-cancéreux phare ne pouvait intervenir avant deux ans en Europe.



Puis, lors de la journée investisseurs du 13 mai, le groupe a détaillé un portefeuille de projets en développement à même de venir soutenir sa croissance au cours des prochaines années, avec cinq nouvelles molécules innovantes en développement clinique, et neuf soumissions réglementaires prévues entre 2019 et 2022.



Un risque réel mais connu



La nervosité des investisseurs est compréhensible. La Somatuline est le plus important produit d'Ipsen, dont il a représenté près de 40% du chiffre d'affaires en 2018. Pour des ventes globales du groupe en hausse de 20,1%, à 2,22 milliards d'euros, l'an dernier, le médicament a généré 846,7 millions d'euros de revenus, frôlant le milliard de dollars, qui sera probablement dépassé en 2019.



La menace émane du laboratoire britannique Amdipharm Mercury, filiale du canadien, Advanz. Celui-ci a déposé un dossier de demande d'autorisation de mise sur le marché auprès de l'autorité sanitaire finlandaise, la FIMEA, pour une copie de lanréotide, le principe actif de Somatuline.



La Finlande n'est qu'une première étape. Il est logique de penser qu'Advanz a l'intention de cibler le reste de l'Europe, grâce à une procédure de reconnaissance mutuelle sur les principaux marchés européens, avant d'envisager l'Amérique du Nord.



"Il faudra du temps à Advanz", compte tenu des délais nécessaires pour obtenir les autorisations de mise sur le marché par pays, mais "le processus est bel et bien en marche", préviennent les analystes d'Oddo BHF.



Le risque est cependant connu depuis longtemps. Il a "toujours été clair que l'arrivée d'un générique était possible à partir de 2021", rappelle de son côté Christophe Dombu, analyste chez Portzamparc.



D'autre part, sur ce marché pour l'instant verrouillé par la Somatuline d'Ipsen et son concurrent, la Sandostatin de Novartis, "la bataille se joue sur les nouveaux patients essentiellement", souligne Christophe Dombu. Le traitement des tumeurs endocrines et de l'acromégalie s'étend sur de longues durées. Les patients dont la maladie s'est stabilisée avec une molécule évitent généralement d'en changer en cours de route. Le marché potentiel pour un nouvel entrant s'en trouve par conséquent limité.



Des prévisions à la fois conservatrices et convaincantes



Prudent, le groupe a construit ses prévisions pour 2022 d'un chiffre d'affaires d'environ 3,2 milliards d'euros et d'une marge opérationnelle supérieure à 32% en considérant le scenario d'une arrivée la plus rapprochée possible d'une concurrence générique.



Jugés conservateurs par la plupart des analystes, ces objectifs impliquent une croissance annuelle moyenne de 10% du chiffre d'affaires et de 12% du résultat opérationnel, une performance "remarquable au sein de l'industrie pharmaceutique", souligne JP Morgan.



Ces projections s'appuient en partie sur le déploiement rapide du palovarotène, le produit phare de la biotech canadienne Clementia Pharmaceuticals récemment acquise par Ipsen.



En revanche, elles ne prennent pas en compte de potentielles nouvelle indications que le groupe pourrait obtenir, notamment pour son anti-cancéreux Cabometyx dont on attend au premier semestre 2020 des résultats de phase III en combinaison avec l'Opdivo du géant pharmaceutique américain Bristol-Myers Squibb.



Onyvide, autre anti-cancéreux du groupe, donnera lieu par ailleurs à deux publications scientifiques clés dès cette année. Des résultats intermédiaire d'une étude de phase II dans le traitement en première ligne du cancer du pancréas métastatique seront dévoilés en juillet, tandis que des données sur le traitement en seconde ligne du cancer du poumon à petites cellules sont attendus au second semestre.



De bonnes surprises susceptibles d'inciter les analystes à réévaluer leur objectif de cours sont donc envisageables. A 133,24 euros selon Factset, il représente déjà un potentiel de hausse de 20%.





-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93; fberthon@agefi.fr ed: ECH



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May 28, 2019 03:01 ET (07:01 GMT)




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