Des avocats projettent de lancer une action collective au civil contre le laboratoire Merck visant à obtenir rapidement l'indemnisation des malades de la thyroïde souffrant d'effets secondaires liés à la nouvelle formule du Levothyrox.



"Nous lançons cette action collective conjointe pour défaut d'information de la part du laboratoire et préjudice d'angoisse", a annoncé mardi lors d'une conférence de presse à Toulouse Me Christophe Lèguevaques. Selon l'avocat, les personnes qui désirent s'y joindre peuvent depuis mardi s'inscrire sur une plateforme dévolue à ce genre d'actions, MySMARTcab. La date limite de dépôts des dossiers est fixée au 1er décembre, sauf prorogation pour atteindre le seuil minimal de 500 demandeurs.



"Le changement de formule du Levothyrox a été fait dans des conditions anormales puisque l'information des malades n'a pas été réalisée par le laboratoire, or la loi prévoit une obligation d'information", a dit l'avocat.



Selon lui, la notice ne répertorie pas tous les effets secondaires dont se plaignent de très nombreux malades depuis le lancement sur le marché, en mars, de la nouvelle formule : maux de tête, vertiges, prise de poids notamment.



"Le symptôme majeur, c'est la fatigue", a témoigné une des avocats regroupés autour de Me Lèguevaques, Me Sophie Descat. Elle-même prend ce traitement depuis 17 ans et a fait état de "symptômes de fatigue intense et de crampes musculaires".



"Je n'ai pas été informée du changement", a-t-elle déploré. Or une information précise lui aurait permis "d'être moins angoissée". "J'aurais mis du sens à ce que je vivais", a-t-elle assuré.



9.000 personnes --sur environ 3 millions de patients prenant ce médicament en France-- ont signalé des effets indésirables.



L'action au civil se distinguera des plaintes au pénal déjà déposées et à la suite desquelles la justice a ouvert une enquête.



La justice a ainsi été saisie de 63 plaintes d'utilisateurs du Levothyrox, a annoncé mardi à l'AFP le procureur de la République de Marseille. Une enquête a été confiée au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille, dont la compétence s'étend jusqu'à Lyon, siège français de Merck.



Au pénal, l'instruction peut prendre de très nombreuses années, ont précisé les avocats. L'action au civil doit permettre "une indemnisation rapide" des demandeurs, a souligné Me Romain Sintès.



Les avocats demanderont une indemnité de 10.000 euros pour chaque plaignant, soit 5.000 euros pour le préjudice résultant du défaut d'information et autant pour le préjudice d'angoisse.



Ils espèrent une décision judiciaire dans les 12 mois suivant la saisine du tribunal.



D'autres actions pourront éventuellement être proposées à certains patients pour couvrir des préjudices spécifiques qui devront être déterminés au cas par cas et après expertise.



Une Toulousaine de 72 ans souffant de la thyroïde et sous traitement assistait à cette conférence de presse, mais n'a pas encore décidé de s'engager dans cette action collective.



"Je trouve qu'on a manqué d'information", a-t-elle déclaré. On aurait dû nous dire que ça avait changé", a-t-elle dit, affirmant avoir souffert de bouffées de chaleur, de maux de dos. "Plus ça va plus je suis fatiguée". "Je ne dors pas, et tout cela je l'impute au Levothyrox".



"Ca me révolte, a-t-elle poursuivi. J'ai dit à ma fille +j'en ai marre de vivre,+, parce qu'on ne voit pas le tunnel".



Face à la colère de très nombreux patients, le gouvernement a annoncé la remise prochaine sur le marché de l'ancienne formule du Levothyrox.





(END) Dow Jones Newswires



September 19, 2017 14:31 ET (18:31 GMT)