Le conflit russo-ukrainien épargne pour l'heure l'industrie du luxe - Plus Europe
02 Mars 2022 - 12:13PM
Dow Jones News
Joshua Kirby,
Dow Jones Newswires
BARCELONE (Agefi-Dow Jones)--L'économie mondiale traverse une
période d'incertitudes, alors que l'offensive militaire menée par
la Russie en Ukraine s'intensifie et que les sanctions contre
Moscou décidées par les pays occidentaux risquent d'entraîner des
répercussions bien au-delà des frontières européennes. Dans ce
contexte, l'industrie du luxe semble plutôt bien protégée.
Contrairement aux secteurs de la banque ou de l'énergie,
l'industrie du luxe est nettement moins exposée à la Russie et à
l'Ukraine, où LVMH, Kering et Hermès pour ne citer qu'eux ne
réalisent qu'une faible part de leur chiffre d'affaires. Selon les
calculs de Luca Solca chez Bernstein, les géants européens du luxe
tirent 2% de leurs revenus de ces deux marchés. Les marques Louis
Vuitton et Dior, appartenant à LVMH, n'exploitent chacune que six
points de vente à Moscou et un seul à Kiev, indique Bryan, Garnier
& Co.
Compte tenu des extrêmes inégalités de richesse en Russie comme en
Ukraine, les marques les plus haut de gamme, telle que la griffe de
joaillerie Cartier appartenant au groupe suisse Richemont, sont
plus menacées par le conflit que celles qui s'adressent aux classes
moyennes, selon Bernstein. Le positionnement de l'horloger suisse
Swatch l'expose également plus que ses marques concurrentes, mais
seulement de façon marginale, observe Bryan, Garnier & Co.
Un secteur qui échappe aux sanctions
Pour ce qui est des risques indirects liées à la guerre en Ukraine,
le luxe échappe pour l'instant aux sanctions imposées par l'Union
européenne contre les personnalités politiques ou économiques en
lien avec le pouvoir russe. Les nouvelles sanctions définies par
Bruxelles visant Moscou ont pour but de restreindre l'accès de la
Russie aux marchés financiers de l'Union européenne, d'interdire
toutes transactions avec la banque centrale du pays et de bannir
les avions russes de l'espace aérien de la zone.
Mais ces sanctions ne mentionnent aucune restriction concernant
l'exportation de de produits de luxe vers la Russie, tandis que la
presse spécialisée dans la mode a rapporté que la Commission
européenne n'inclurait aucune mesure de ce type dans son train de
sanctions. Contactée par Dow Jones Newswires, la Commission n'a pas
apporté de commentaire.
L'exclusion des produits de luxe des sanctions contre la Russie est
logique étant donné que leur but est de frapper l'économie russe,
et non celle de l'Europe, commente Luca Solca chez Bernstein.
"Pourquoi ne voudrions-nous pas prendre l'argent des Russes, s'ils
veulent acheter des produits inoffensifs et inutiles par rapport au
conflit ?", interroge l'analyste. Un train de sanctions qui exclut
le luxe revient à une situation positive pour le secteur,
ajoute-t-il.
Il subsiste néanmoins un risque de ralentissement économique plus
large qui pourrait nuire au sentiment de bien-être des
consommateurs, nécessaire pour alimenter la demande de luxe,
prévient Bernstein. Comme dans toutes les crises, les valeurs
refuges se distinguent, ajoute l'intermédiaire financier, qui cite
LVMH, Hermès et le fabricant de verres correcteurs et d'instruments
d'optique EssilorLuxottica en exemple. Les entreprises se situant
au milieu ou au début d'un cycle de redressement, telles que la
britannique Burberry ou l'italienne Salvatore Ferragamo, risquent
d'être perdantes dans un telle configuration.
"Nous savons tous que de telles crises constituent très souvent des
opportunités d'achat pour les investisseurs à long terme, malgré
les ajustements du prix des actions à court terme", remarque Bryan,
Garnier & Co.
-Joshua Kirby, Dow Jones Newswires
(Version française Dimitri Delmond) ed: ECH
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March 02, 2022 05:53 ET (10:53 GMT)
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