Accor brouillerait sa stratégie "asset light" en secourant AccorInvest - DJ Plus
14 Octobre 2020 - 4:41PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La seconde vague de la pandémie de
coronavirus qui sévit en Europe fragilise les grands acteurs de
l'industrie hôtelière, en particulier ceux dont les coûts fixes
sont les plus élevés. Parmi eux, AccorInvest, l'ex-filiale
immobilière d'Accor qui reste l'un de ses principaux partenaires,
cherche à renforcer son bilan.
Selon une source syndicale, la société négocie actuellement un prêt
garanti par l'Etat d'un montant de 450 millions d'euros, l'un des
plus importants depuis la mise en place du dispositif. Pour obtenir
ce prêt et trouver des solutions de plus long terme avec ses
banques, AccorInvest a sollicité la nomination d'un mandataire ad
hoc. Elle envisage également de mettre à contribution ses
actionnaires, dont font partie Accor, le fonds souverain saoudien
et celui de Singapour, Colony Capital, Amundi et Crédit Agricole
Assurances.
Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, AccorInvest n'a pas souhaité
commenter ces informations. De son côté, Accor a indiqué qu'il
soutenait "pleinement la stratégie financière d'AccorInvest" et
avait "apporté son soutien à tous ses propriétaires, dont
AccorInvest, en acceptant notamment le report de charges et
l'assouplissement des standards de marque".
Depuis la mi-2018, Accor a cédé 70% du capital d'AccorInvest dans
le cadre d'une stratégie dite "asset light" consistant à se
concentrer sur la seule gestion hôtelière et à se débarrasser des
murs d'hôtels. Cette mue reste toutefois inachevée, Accor s'étant
engagé à conserver une participation d'au moins 30% dans
AccorInvest jusqu'en 2023.
Une relation commerciale étroite
Les deux sociétés gardent une relation commerciale étroite.
AccorInvest a confié la gestion de ses 900 hôtels à son ancienne
maison-mère, dans le cadre de contrats à long terme. "AccorInvest
est l'un des gros franchisés d'Accor. Si ce franchisé va mal, Accor
va mal", résume un analyste parisien. "Si demain Accor devait
remettre au pot chez AccorInvest, il reviendrait sur sa stratégie
asset light", ajoute-t-il.
Pour Simon Lechipre, analyste en charge du secteur hôtelier chez
MainFirst, une recapitalisation d'AccorInvest représente pour Accor
un enjeu financier modéré au regard de son bilan, qui reste solide
avec plus de 4 milliards d'euros de liquidités. "Mais plus que le
montant de cash sorti, le retour en arrière sur la stratégie asset
light pourrait peser sur le sentiment des investisseurs", reconnaît
l'analyste.
"AccorInvest a un modèle plus cyclique et est beaucoup plus exposé
au levier opérationnel. La détention des murs ou leur location sont
des activités intensives en capital. C'est le modèle dont Accor
s'est désengagé", ajoute-t-il.
Le marché a déjà sanctionné Accor
Alors que le président-directeur général d'Accor, Sébastien Bazin,
a souligné la nécessité pour le groupe d'accélérer sa mue face aux
bouleversements en cours dans l'hôtellerie, les difficultés de son
ex-filiale pourraient constituer un frein à ce changement. Et peser
sur le titre Accor, qui a déjà perdu 42% depuis le début de l'année
et peine à rebondir, contrairement à celui de son rival britannique
InterContinental Hotels Group (IHG).
"Les acteurs pleinement asset light, avec une structure de coûts
plus flexible, comme IHG, ont mieux résisté. Etant donné la plus
grande exposition d'Accor au marché européen, où il y a encore
beaucoup plus de restrictions et de quarantaines, le groupe risque
également de subir une reprise plus progressive", remarque Yi
Zhong, analyste chez AlphaValue.
Toutefois, "les propositions de la Commission européenne visant à
harmoniser les règles appliquées aux voyageurs au sein de l'Union
européenne pourrait constituer un catalyseur pour le secteur, et en
particulier pour Accor", ajoute l'analyste, qui souligne également
l'exposition du groupe à la région Asie-Pacifique, où l'activité a
redémarré plus fortement.
Une reprise rapide du tourisme en Europe est cruciale pour Accor
comme pour AccorInvest. Tous deux ont engagé des programmes de
réduction de coûts, et devraient disposer d'un levier opérationnel
lors du redémarrage de l'activité. Toutefois, les analystes
n'anticipent pas une telle reprise avant, au mieux la mi-2021.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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