Avec NicOx, le conseil scientifique d'Euronext confond start-ups et blue chips
10 Septembre 2012 - 11:21AM
Dow Jones News
Le conseil scientifique des indices (CSI) de NYSE Euronext (NYX)
ne semble pas obsédé par le court termisme généralement prêté aux
marchés financiers.
La semaine dernière, ce comité indépendant de l'opérateur boursier,
composé de responsables d'institutions financières (Banque de
France, AMF, SFAF..), a décidé d'inclure le laboratoire de
biotechnologie NicOx (COX.FR) dans l'indice SBF des 120 principales
sociétés françaises cotées. Aux dernières nouvelles, la biotech
réalisait un chiffre d'affaires à peu près nul et ses options
stratégiques oscillaient entre changer de métier et faire
faillite.
L'échec du laboratoire dans sa tentative de faire homologuer son
produit phare, l'anti-inflammatoire naproxcinod, a fait s'effondrer
son cours de Bourse depuis deux ans. Le titre cotait 8 euros en
2009-2010 avant les décisions défavorables de la Food and Drug
Administration américaine et de l'agence européenne du
médicament.
Il a ensuite touché un plus-bas de 0,74 euros en décembre 2011, sur
fond de plans sociaux, avant de rebondir autour de 2,60 euros
depuis, le groupe affichant une nouvelle stratégie de développement
dans l'ophtalmologie. Mais le titre reste loin des niveaux atteints
au milieu des années 2000, autour de 20 euros, lorsque de nombreux
investisseurs voyaient dans le traitement de l'athrose de NicOx un
futur blockbuster.
NicOx est non seulement la plus petite capitalisation à faire son
entrée dans le SBF 120 (190 millions d'euros contre 647 pour Medica
(MDCA.FR) et 1,59 milliard d'euros pour Vilmorin (RIN.FR)) mais les
sortants le dépassent aussi largement: Bull (BULL.FR) affiche une
capitalisation totale de 302 millions d'euros, Derichebourg
(DBG.FR) de 405 millions et Ciments Français (CMA.FR) de 1,67
milliard.
La décision du conseil scientifique s'explique en théorie par
l'actionnariat particulièrement éparpillé de NicOx, Euronext ne
prenant pas en compte uniquement la capitalisation totale des
sociétés mais l'importance de leur flottant et la liquidité du
titre.
Mais les forts volumes de transactions que peut connaître l'action
NicOx traduisent précisément sa dimension fortement spéculative:
sans revenus récurrents en dehors de certains paiements
occasionnels versés par des partenaires de recherche, les valeurs
de la biotechnologie vivent des espoirs de succès à venir qu'elles
parviennent à susciter chez les investisseurs. Au premier semestre,
NicOx n'a ainsi perçu pour tout revenus que les 7,5 millions
d'euros versés par son partenaire en ophtalmologie Bausch+Lomb, au
lieu d'un chiffre d'affaires nul au premier semestre 2011.
Dans un entretien accordé à Dow Jones Newswires à la fin juillet,
le PDG de NicOx, Michele Garufi, a évoqué pour le second semestre
des projets d'acquisitions de sociétés réalisant entre 5 et 20
millions de chiffres d'affaires annuel. La nouvelle stratégie en
ophtalmologie semble prometteuse. Même le naproxcinod ne peut pas
être définitivement enterré, le laboratoire parviendra peut-être un
jour à financer ou à faire financer les études cliniques
supplémentaires demandées par les régulateurs.
Tous ces éléments ne sauraient faire oublier le caractère très
hypothétique du succès de NicOx. Le conseil scientifique des
indices d'Euronext a peut-être voulu renforcer la composante
pharmaceutique du SBF 120. Mais on voit mal ce que NicOx vient
faire au sein de l'indice qui regroupe par exemple des sociétés
comme Sodexo (SW.FR), dont la capitalisation frise les 10 milliards
d'euros et qui a réalisé un chiffre d'affaires de 17,7 milliards
d'euros au cours des neufs premiers mois de son exercice
2011-2012.
-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72;
thomas.varela@dowjones.com
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