Isabelle Kocher, DG d'Engie, annonce pour 2017 le retour à la croissance
(Crédits : GDF-Suez)
Malgré un résultat négatif, la directrice générale
Isabelle Kocher rassure les marchés en promettant pour 2017 le retour à
la croissance et à la rentabilité en se recentrant sur de nouveaux
métiers stratégiques.Certes, l'ex GDF-Suez accuse une perte de 400 millions
d'euros sur son exercice 2016. Mais ce n'est rien en comparaison des 4,6
milliards de 2015. Le chiffre d'affaires s'est replié de 4,6%, à 66...
Isabelle Kocher, DG d'Engie, annonce pour 2017 le retour à la croissance
(Crédits : GDF-Suez)
Malgré un résultat négatif, la directrice générale
Isabelle Kocher rassure les marchés en promettant pour 2017 le retour à
la croissance et à la rentabilité en se recentrant sur de nouveaux
métiers stratégiques.Certes, l'ex GDF-Suez accuse une perte de 400 millions
d'euros sur son exercice 2016. Mais ce n'est rien en comparaison des 4,6
milliards de 2015. Le chiffre d'affaires s'est replié de 4,6%, à 66,6
milliards d'euros, tandis que la dette nette s'est améliorée à 24,8
milliards d'euros à fin 2016, en baisse de 2,9 milliards. L'excédent
brut d'exploitation (Ebitda) s'établit à 10,7 milliards, en baisse de
5,2% pour cause d'augmentation des provisions nucléaires en Belgique et
d'importantes dépréciations d'actifs de production d'électricité en
Europe liées à la baisse des prix. Surtout, avec un résultat net
récurrent de 2,5 milliards d'euros (-4,3%) hors éléments exceptionnels
conformes aux prévisions, et 2,2 milliards une fois retraité des effets
de change et des cessions de l'année écoulée, Isabelle Kocher, sa
directrice générale à la manœuvre depuis mai 2016, promet pour 2017 le
retour de la croissance. Elle annonce en effet pour l'an prochain un
résultat net récurrent entre 2,4 et 2,6 milliards d'euros et un excédent
brut d'exploitation (Ebitda) de 11,3 milliards.Après avoir
boudé l'entreprise depuis de longs mois, inquiets notamment des rumeurs
de dissensions à sa tête, les marchés ont salué ces annonces en faisant
bondir le cours de Bourse, qui atteignait 12,58 euros à 17h, en hausse
de 8,05%.Au-delà d'un premier exercice plutôt réussi pour la
seule femme à la tête d'une entreprise du CAC 40, ces résultats
constituent un signal positif quant à la faisabilité d'une transition
énergétique.En effet, c'est en se recentrant sur la production
d'énergie décarbonée, les services énergétiques aval (qui ont vocation à
aider les clients à s'approprier cette transition, notamment en
développant des productions décentralisées et décarbonées) et les
infrastructures, essentiellement gazières, et de plus en plus,
électriques, que le groupe est en mesure de faire ces promesses. Rotation accélérée du portefeuille Si
ce sont les énergies les plus exposées aux prix des commodités (souvent
les plus carbonées) qui continuent d'affecter négativement les
résultats, ces actifs voient leur poids diminuer plus rapidement encore
que prévu dans le cadre du plan de transformation sur trois ans à
l'horizon 2018.À cette date, Engie souhaite plafonner la part de
ses activités les plus exposées à 15% de son Ebitda, sachant qu'elle
est déjà passée de 50% à 25% fin 2016. Le plan de cession de 15
milliards sur trois ans est déjà réalisé à plus de 50% en un an, avec
l'hydroélectricité et le charbon américain, ainsi que les centrales à
charbon en Indonésie et en Inde. Des cessions qui se sont faites dans de
meilleures conditions qu'anticipées, ce qui a permis au passage au
groupe de créer de la valeur. Les activités d'exploration / production
d'hydrocarbures sont également à céder. "En
réduisant l'exposition du groupe aux fluctuations des prix de l'énergie,
la réorientation de notre portefeuille a déjà permis d'améliorer notre
profil de risque", a indiqué Isabelle Kocher. Croissance organique et acquisitions ciblées Le produit des cessions déjà réalisées
(8 milliards d'euros) est ré-investi, notamment dans la construction de
centrales, « la meilleure façon de créer de la valeur en démontrant
notre savoir-faire », selon Isabelle Kocher.L'énergéticien
dispose d'une enveloppe globale de 16 milliards d'euros à réinvestir en
trois ans dans ses métiers prioritaires, dont 4,7 milliards ont déjà été
dépensés en 2016. Le groupe privilégie les acquisitions ciblées
permettant soit de pénétrer de nouveaux marchés, soit de se renforcer
dans ses nouveaux métiers stratégiques. Après le fabricant allemand de
solaire à couches organiques Heliatek et le spécialiste de la modélisation 3D Siradel
en 2016, c'est l'acquisition du britannique Keepmoat, spécialiste des
services de rénovation énergétique pour les collectivités, qu'Isabelle
Kocher a officialisée ce 2 mars.Les activités sur lesquelles le groupe mise désormais présentent un meilleur profil de rentabilité, de 7 à 8% contre 2 à 3% pour celles dont il se désengage. «
Nous parlons bien de métiers et de solutions qui existent et sur
lesquels nous avons déjà des positions fortes », insiste Isabelle
Kocher. « Ces nouvelles activités représentent déjà 80% du résultat
opérationnel courant, et 100% du résultat net », précise-t-elle encore. Energies décarbonées et transports La
croissance de ces activités ne fait selon elle aucun doute car elles
correspondent à ce dont le monde a besoin pour prendre le virage de la
révolution énergétique. En parallèle, Engie travaille d'ores et déjà surdes relais de croissance à 5 ou 10 ans
« qui nous permettront d'être de plus en plus innovants et d'être
perçus comme tels », souligne Isabelle Kocher. Une image indispensable
pour qui se veut un leader mondial de la transition énergétique.Les
énergies renouvelables, où 2,4 gigawatts de nouvelles capacités, ont
été développées en 2016 (+22%) pour un investissement de 2,1 milliards
d'euros, représentent à fin 2016 22GW, soit 20% des capacités totales de
production du groupe.Les solutions développées pour les villes et territoires,
qui prennent peu à peu le relais des Etats dans le mouvement de
décentralisation à l'œuvre en développant réseaux de chaleur, éclairage
public ou transports, ont vu leur nombre de projets doubler en 2016.Parmi
les activités de services, le groupe se positionne également dans les
transports, avec le déploiement de 4.000 bornes de recharge pour
véhicules électriques aux Pays-Bas (dans le cadre de son programme
« Better mobility today ») ou encore l'ouverture d'une ligne de train
express régional entre Dakar et son aéroport.Forte de ces
résultats, la patronne de l'ex GDF-Suez se dit plus que jamais confiante
dans la capacité du groupe à devenir un chef de fil de la « révolution
énergétique » qui se dessine de façon plus en plus claire et
irréversible, indépendamment des tendances affichées par certains
gouvernements.
Dominique Pialot@PIALOT1
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