Sur le SBF 120, la banque et l'automobile seront les gagnants du rebond français -DJ Plus
29 Janvier 2018 - 9:51AM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--"France is back", pour reprendre les mots
d'Emmanuel Macron. L'Insee devrait le confirmer mardi avec la
publication du produit intérieur brut (PIB) annuel. Après des
années de croissance poussive, l'économie tricolore devrait avoir
connu en 2017 son meilleur millésime depuis la crise de 2008. Début
janvier, la Banque de France a révisé à la hausse sa prévision, de
1,8 à 1,9%.
Le bon chiffre de l'an dernier sera tiré par un dernier trimestre
robuste, que les économistes situent à 0,6-0,7%. Or plus le dernier
trimestre d'une année est fort, plus l'acquis de croissance pour
l'année suivante est important. Dans une note, les économistes de
Barclays considèrent qu'il sera deux fois supérieur à celui de
2006, année où la croissance avait atteint 2,4%. Ils tablent
d'ailleurs sur ce même chiffre pour 2018. "Les entreprises font
remonter des tensions de plus en plus fortes sur les recrutements,
ce qui pourrait augmenter les salaires plus fortement que prévu",
et donc la consommation, prévient François Cabau, l'un des auteurs
de l'étude.
Les banques ont de quoi se réjouir
Les indices parisiens ne doivent pas attendre monts et merveilles
de ce regain d'activité. Les entreprises du SBF 120 ne réalisaient
en 2016 que 30% de leur chiffre d'affaires en France, selon les
données compilées par FactSet, chiffre qui passe à 26% pour les
seules sociétés du CAC 40. "La principale source de bénéfices des
entreprises du CAC 40 reste leurs exportations. Elles sont ainsi
plus sensibles aux statistiques européennes qu'à la seule
conjoncture française", souligne Vincent Juvyns, Global market
stratégiste chez JPMorgan Asset Management.
Mais certains secteurs sont particulièrement bien armés pour tirer
avantage de cette meilleure conjoncture. Les banques - "les canaris
dans la mine de charbon que constitue la conjoncture" dixit Vincent
Juvyns - peuvent se réjouir. L'accélération de l'activité tricolore
est le carburant de la banque de détail française, qui représente
encore environ 25% des bénéfices de Société Générale (GLE.FR) et
16% de ceux de BNP Paribas (BNP.FR). Les volumes de crédit
devraient continuer d'augmenter et les établissements français
pourraient en plus profiter d'un meilleur environnement de taux
cette année. En somme, "les banques sont bien positionnées pour
profiter de la reprise", résume Alex Koagne, analyste chez
Natixis.
L'automobile en pole position
Autres gagnants : les constructeurs automobiles. "Ils tireront
profit d'un embellissement de la conjoncture économique française.
Ils l'ont déjà fait l'an dernier. Quant à 2018, l'environnement
économique continuera d'être porteur et l'offre produit sera
toujours orientée vers les produits que les consommateurs veulent
en France. C'est-à-dire des SUV et des Crossover, des 5008 ou des
2008 chez Peugeot (UG.FR), des Kadjar ou des Captur chez Renault
(RNO.FR). Ces sont des véhicules qui ont des marges élevées. Donc
tant sur les volumes que sur les prix, 2018 s'annonce bien",
détaille Pierre Bergeron, analyste chez Société Générale CIB. Les
taux bas sur les crédits automobiles et une moyenne d'âge élevée du
parc automobile - environ 10 ans - ne feront qu'accentuer la
tendance.
Les foncières peuvent aussi se frotter les mains, du moins
certaines d'entre elles. "Elles peuvent profiter d'une meilleure
reprise en France mais avant tout sur l'immobilier de bureau qui
est beaucoup plus cyclique et directement lié aux chiffres de
l'emploi. Si cette amélioration ne se traduira pas avant un certain
temps dans leurs résultats, elle peut néanmoins soutenir leur
cours", explique Pierre-Emmanuel Clouard, analyste chez Natixis.
"Ce sont surtout des valeurs dont l'activité est forte dans
l'immobilier de bureau qui pourraient en tirer profit, comme Gecina
(GFC.FR), Icade (ICAD.FR) ou Foncière des Régions (FDR.FR)",
ajoute-t-il.
Effets limités sur le BTP
Des effets plus limités sont à attendre sur d'autres secteurs.
C'est le cas du BTP, où le regain de croissance n'apporterait qu'un
soutien modeste à l'activité d'immobilier résidentiel de Vinci
(DG.FR) ou Bouygues (EN.FR). Pour les groupes de services aux
collectivités comme Veolia (VIE.FR) et Suez (SEV.FR), la reprise
économique se traduirait par de meilleurs résultats sur les clients
"industriels". Or cette clientèle représente 45% du chiffre
d'affaires de Veolia et 40% de celui de Suez, contre respectivement
55% et 60% pour les collectivités locales.
Avec une hausse de leur pouvoir d'achat, les consommateurs
pourraient être incités à opter pour des forfaits et des
abonnements plus rémunérateurs. De quoi soutenir l'ARPU - "average
revenue per user" ou chiffre d'affaires moyen par client, donnée
très suivie par les analystes - des opérateurs télécoms notamment
pour Bouygues et Free, filiale d'Iliad (ILD.FR). L'an passé, les
deux concurrents ont recruté beaucoup de clients sur le fixe pour
le premier et sur le mobile pour le second.
Du côté des groupes audiovisuels, une meilleure conjoncture
mettrait un peu de baume au coeur d'un marché publicitaire atone.
Sur les neuf premiers mois de 2017, il a encore reculé de 0,3%
selon les données de l'Institut de recherches et d'études
publicitaires (Irep), avec des dynamiques assez différentes. Canal
Plus, filiale de Vivendi (VIV.FR), a largement sous-performé le
marché publicitaire tandis que M6 (MMT.FR) et TF1 (TFI.FR) ont eux
fait bien mieux, indique un analyste.
Pas d'aubaine pour la grande distribution
En revanche, la grande distribution a de bonnes chances de ne pas
voir la couleur de ce rebond, même si Carrefour (CA.FR) réalise 47%
de son chiffre d'affaires en France et Casino (CO.FR) 58%, selon
FactSet. L'essentiel de leurs ventes est concentré dans
l'alimentaire - 83% du chiffre d'affaires de Carrefour en 2016 -
des dépenses incompressibles et peu liées à la conjoncture. La
concurrence acharnée entre les acteurs empêcherait de toute façon
quiconque de profiter d'une envolée de la consommation. Le marché
se préoccupe avant tout de l'hypothétique renforcement d'Amazon
(AMZN) sur le marché européen de la grande distribution au-delà du
rachat de Whole Foods. Pour Fnac-Darty (FNAC.FR), la logique est un
peu différente. L'activité de gros électroménager est assez peu
dépendante de la conjoncture. Cela est moins vrai pour
l'électronique grand public. Mais les ventes de ces produits sont
d'abord sensibles à l'innovation technologique - et donc à l'offre
plus qu'à la demande.
Emmanuel Macron a probablement raison de clamer que "la France est
de retour". Mais tous les groupes cotés ne profiteront pas dans les
mêmes proportions du rebond tricolore si longuement attendu.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH - VLV
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January 29, 2018 03:31 ET (08:31 GMT)
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