La transition de Safran vers ses objectifs 2020 promet d'être délicate - DJ Plus
14 Mars 2016 - 2:10PM
Dow Jones News
La publication des objectifs stratégiques du motoriste et
équipementier aéronautique Safran (SAF.FR) a de quoi laisser les
investisseurs sur leur faim. Elle fait pratiquement des cinq années
qui viennent une période de transition. La déception du marché, qui
faisait baisser le titre de plus de 5% lundi, et de 12% environ
depuis le début de l'année, est compréhensible.
Certes, le groupe pourrait se montrer plus convaincant lors de la
présentation détaillée de son plan stratégique, qui aura lieu dans
l'après-midi de lundi à Londres. Certains des éléments du plan
avancé lundi ont de quoi séduire, comme la revue stratégique
entamée sur les activités d'identité et de sécurité.
Mais les objectifs chiffrés publiés lundi paraissent bien modestes.
A l'horizon 2020, Safran a notamment indiqué viser un chiffre
d'affaires supérieur à 21 milliards d'euros et une marge
opérationnelle courante ajustée de plus de 15%. Pour sa part, le
consensus FactSet des analystes avait anticipé un chiffre
d'affaires de presque 23,6 milliards d'euros en 2020. Par ailleurs,
l'objectif d'une marge de plus de 15% se compare à une marge de 14%
l'année dernière.
Une période de transition à risque
En outre, la visibilité manque sur l'évolution de la rentabilité du
groupe d'ici là, en raison essentiellement de la migration de son
moteur best-seller, le CFM56, vers son successeur, le Leap. Certes,
Safran a promis de maintenir la marge de sa branche Propulsion
au-dessus de 15% entre 2016 et 2020, grâce au dynamisme des
services pour moteurs civils. Mais cela se compare à une marge de
19,7% l'année dernière. Or l'activité Propulsion génère la moitié
de son chiffre d'affaires et les trois quarts du résultat
opérationnel courant du groupe industriel.
Le défi que Safran doit relever consiste non seulement à réussir la
montée en cadence record de la production du Leap, mais également à
gérer la baisse des livraisons de l'ultra-rentable CFM56. En vue de
la réunion prévue lundi, Bank of America Merrill Lynch a estimé que
2017 et 2018 constitueraient des exercices cruciaux à cet égard. La
banque prévoit une marge pour l'activité Propulsion de 18,9% en
2016, puis 17,8% en 2017, avant un rebond à 19,6% en 2019.
Pour préserver sa rentabilité à l'échelle du groupe, Safran entend
renforcer "d'environ un point par an (les) performances
opérationnelles de ses trois autres branches : Equipements, Défense
et Sécurité". Toutefois, la visibilité manque également sur les
perspectives de la branche Sécurité, car le groupe a mis en vente
sa division de détection et entamé un passage en revue "des options
possibles pour assurer le développement des activités d'identité et
de sécurité". Cette revue stratégique prendra 6 mois au plus, selon
Safran. Elle pourrait se traduire par une cession de l'activité, a
toutefois concédé le groupe.
Une flexibilité stratégique bienvenue
Dans le principe, le fait que le groupe soit prêt à envisager
l'ensemble des options à sa disposition pour ces activités
constitue plutôt une bonne nouvelle. Réalisée à coups
d'acquisitions (GE Homeland Protection, L-1 Identity Solutions),
cette diversification n'avait jamais réellement convaincu. Dès
2012, le fonds activité The Children's Fund avait appelé à un
recentrage de Safran sur son coeur de métier, les moteurs d'avions
et les équipements aéronautiques.
Les cinq prochaines années s'annoncent au final plutôt délicates
pour Safran. Pour réussir son pari à l'horizon 2020, le groupe
industriel devra jouer sur plusieurs tableaux. Cela limitera
d'autant sa marge de manoeuvre opérationnelle.
- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@wsj.com ed: ECH
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March 14, 2016 08:50 ET (12:50 GMT)
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